Selon une étude américaine datant de 2015, plus de 75% de la population âgée de plus de 15 ans aurait acheté quelque chose en ligne au cours du premier trimestre de 2014. Impressionnant, n’est-il pas? Le commerce électronique ou eCommerce voit sa croissance littéralement exploser depuis quelques années au point que l’on soit en droit de s’interroger s’il y aura encore une place pour un commerce plus traditionnel dans les années à venir…
Pourtant, les spécialistes s’accordent généralement unanimement sur la réponse à donner à cette question; à savoir, que nous ne sommes pas près de voir disparaître l’un pour l’autre si bien sûr, le marché adapte sa stratégie à cette nouvelle solution attractive qu’est l’eCommmerce; ce que les entrepreneurs ont pour la plupart bien compris. Il ne s’agit en effet pas de voir le commerce en ligne comme un concurrent au commerce traditionnel, mais comme un canal de vente additionnel qui répond aux besoins des consommateurs de manière pertinente: donner la possibilité d’acheter ce que l’on souhaite quel que soit l’endroit où l’on se trouve.
Mais alors, pourquoi se déplace-t-on encore dans un magasin traditionnel?
Il existe beaucoup d’excellents articles qui ont déjà plus ou moins répondu à cette question. Je n’aurai donc pas la prétention de me lancer dans une énième diatribe en faveur du commerce traditionnel. En revanche, je vous encouragerai à lire l’article de Gusandco « Mais au fond, à quoi ressemblerait une boutique de jeux idéale? La règle des trois EX« , car c’est de boutiques de jeux dont il sera essentiellement question au sein de cet article et de quelques articles à venir…
Des boutiques et des hommes…
Partons donc du postulat que nous apprécions les boutiques traditionnelles et que nous ressentons le besoin de nous rendre dans ces boutiques pour acquérir une certaine quantité de jeu par année. De combien de jeux parlons-nous et de combien d’acheteurs est-il question?
Voyons ça d’un peu plus près…
Pour l’avoir mentionné sur la page « A propos de l’auteur… », je vie, réside, me nourrit de temps à autre, dors parfois et fait sembl.. euh… travaille en territoire helvétique au bout de l’arc lémanique dans la cité dite « de Calvin » (le théologien réformateur – pas l’entrepreneur de caleçons).
Hors donc, si on remonte quelque peu les horloges du temps – pas de beaucoup, disons juste 25 ans, on s’aperçoit qu’il y avait en tout et pour tout une boutique spécialisée. Un type un peu bougon tenait alors une échoppe appelée « Le Vieux Paris« , qui était spécialisée « en jeux et revue techniques ». Ce dernier, pour une raison qu’il est difficile à définir, avait un jour décidé d’étoffer son inventaire de jeux de rôle, de jeux de figurines, cartes Magic et autres wargames qu’il n’était pas possible de trouver ailleurs… Les grandes surfaces proposaient certes des jeux mais que des choses aussi lisses que traditionnelles… Bref, rien de comparable. Passer les portes de cette boutique était comme entrer dans la caverne d’Ali-Baba sauce Diogène… Un Ali-Baba ronchon, bordélique au possible et qui ne connaissait pas grand chose en fin de compte aux produits qu’il vendait, mais qui avait le mérite de les proposer… Et beaucoup d’entre nous passèrent par cette caverne pour assouvir leur passion… Le propriétaire tint la barre de son navire jusqu’à son décès accidentel en 2014. Ce qui est finalement amusant, c’est que durant toutes ces années, la boutique resta a peu de chose près figée dans le temps…
Mais retour en 2016…
Alors que l’ère du jeu dit « moderne » bat son plein, et que l’on dénombre pas moins de 2000 nouveaux jeux (et rééditions) en moyenne par année en Europe, ce ne sont pas moins de 4 boutiques qui sont actuellement présentes sur le territoire du canton de Genève.
Trop? Pas assez?
C’est une excellente question!
Une question à laquelle j’ai tenté de répondre…
Pour travailler sur un début de réflexion, il me fallait tout d’abord me baser sur des chiffres tangibles sans extravagance. Je décidai donc de lorgner du côté de nos voisins, histoire de voir si je pouvais tirer un ou deux pourcentages…
Lors de mes recherches, je tombais sur l’article « Les Chiffres du Marché des Jeux de Société » sur le site pepitesludiques.com. En substance, les auteurs de l’article précité avait tenté d’établir un nombre de « passionnés » du jeu de société – excluant pour l’occasion le grand public. Par passionnés, on entends globalement des personnes jouant régulièrement à des jeux et se tenant informés sur les sorties futures. En croisant des données relatives à TricTrac de par l’institut Nielsen/Netraiting et de festivals tels que celui de Cannes, ils arrivèrent à la conclusion que « le noyau dure » devait tourner autour de 100’000 personnes pour la France. Ce qui pour un pays de 66 millions de personnes, donnerait un pourcentage d’environ 0.15%.
Dans la mesure ou les passionnés possédant un passeport français ne sont pas différent de ceux possédant un passeport Suisse, on peut partir du postulat que ce pourcentage pourrait être appliqué à titre indicatif pour déterminer de combien de passionnés « locaux » il est question et surtout, de combien de clients potentiellement « régulier » il serait alors question…
Le canton de Genève, compte une population globale d’environ 500’000 habitants à une vache près. Aussi, si on multiplie les 0.15% au 500’000 habitants de Genève, on obtient 750 personnes.
750 passionnés pour 4 boutiques spécialisées. Dans la mesure ou une bonne partie de passionnés disent acheter au minimum un jeu par mois, on pourrait se dire que 180 personnes par boutique dépensant CHF 50.- en moyenne une fois mois représente en fin de compte une manne intéressante… Mais c’est faux; ce postulat ne prenant pas en compte les achats en lignes, ni le marché de l’occasion et encore moins le financement participatif auxquels la population ludique s’adonne également allègrement.
Le résultat n’est donc pas si rose… Pour un territoire rikiki tel que le canton de Genève et au vue de sa proximité avec la frontière française et les méthode de livraisons toujours plus sophistiquées et simplifiées telles que Mondial Relay ou Kiala, on peut aisément dire qu’il n’y a pas que dans Dallas que l’Univers est impitoyable…
Toujours en se référant à l’article de Gusandco, les boutiques doivent donc redoubler d’effort et d’ingéniosité pour attirer les potentiels acheteurs...
Personnellement, j’apprécie la diversité et je pense qu’une saine concurrence est toujours profitable pour les clients. Je ne suis pas de ceux qui se focalisent sur une seule boutique et boycottent les autres par soucis d’honnêteté ou d’une quelconque loyauté. Ce que j’apprécie avant tout, ce sont les rapports humains et les échanges que je peux avoir avec les différents tôliers. Je suis évidemment sensibles aux activités proposées dans la mesure où je pourrais y participer. Je suis également attentif à l’environnement au sein de la boutique, qui si agréable, favorisera assurément mon envie d’y retourner – quant bien même, on ne va pas s’amuser à parler Feng-Shui ludique…
On a tendance à dire qu’il faut de tout pour faire un monde – ce que j’approuve…
Mais quelles sont donc les différentes boutique à Genève?
Et qui sont les tôliers de ces cavernes d’Ali-baba ludique?
Et comment tentent-elles (si elles le font) de se différencier vis à vis des autres?

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