20 Mars 1963.
Un navire est en approche d’Alcatraz, fameux pénitencier implanté sur les 9 hectares de l’île du même nom situé dans la baie de San Francisco (États-Désunis d’Améritrump) sur fond d’orage. L’ambiance est électrique. La relève des gardiens de la prison (dont parmi eux le jeune Emmerson Hauser) débarquent et découvrent avec stupéfaction une scène post-apocalpytique: l’île est complètement déserte. Les 256 prisonniers et les 46 gardiens se sont littéralement volatilisés. Le mystère est entier…
Le 21 mars 1963, sur décision du Procureur général Robert Kennedy, Alcatraz ferma définitivement ses portes après vingt-neuf années de service officiellement pour des raisons d’insalubrité et pour les coûts très élevé liés à la gestion de cette dernière. Tous les prisonniers furent transférés hors de l’île. Sauf que… Ce n’est pas ce qui s’est passé. Pas du tout…
De nos jours…
Un groupe de touristes déambule dans les corridors de la prison du rocher devenue une attraction touristique. Entre audioguides et photos souvenirs devant les mythiques cellules, l’attention d’une jeune fille (qui semble avoir été oubliée sur le quai d’une gare) est attirée par un bruit au fond du couloir; une porte grillagée est ouverte. L’était-elle précédemment ? Entendant l’appel de la forêt, piqué par sa curiosité, elle s’avance doucement en direction de la porte après avoir jeté un dernier regard aux adultes manifestement trop occupé à se « selfiser » entre eux. Un panneau indique que l’accès est interdit au public; qu’à cela ne tienne, Dorothée – appelons là ainsi, suit la route de pavés jaunes et ouvre la grille avant de s’engouffrer dans une autre aile de la prison… Elle s’avance inlassablement comme attirée par quelque chose avant de marquer un temps d’arrêt et d’hésiter devant une porte à demi ouverte. Mais avant même d’avoir tenté de réagir aux hurlements de sa conscience qui lui suggère de se barrer manu militari, Dorothée ouvre la grande porte rouillée puis recule l’air effaré! Mais ne serait-ce pas Justin Bieber?! Ici?
Le troupeau d’adultes qui suivait joyeusement le garde champêtre local se rend d’un seul coup compte que Suzy (ah non, ce n’était pas Dorothée finalement) n’est plus parmi eux. Le troupeau entier (et ça en fait des boeufs) se met à courir en direction des hurlements précédé par le cousin germain de Chuck Norris – Francis Norris, homme au chapeau vert camouflage et à la moustache frétillante. Mais que se passe-t-il-donc-mais qu’est-ce qui se passe-t-il?
Dorot… Euh… Suzy se tient debout immobile devant la porte désormais ouverte. Alors que les parents se souviennent d’un coup qu’ils avaient embarqués leur gamin avec eux, Francis Norris jette un oeil dans la pièce dans laquelle une personne semble s’être assoupie. C’est effrayant une personne qui dort. Alors que Francis – dont l’oeil droit fait preuve d’une certaine malice (alors que le gauche lui dit merde), conseille instamment à l’homme de se lever sachant que les siestes ne sont pas réglementaires en ces lieux.
L’homme se redresse péniblement, puis sort de la pièce non sans être littéralement éblouit par la lumière divine se diffusant de biais depuis les lucarnes ornant le mur lui faisant face; ça sent la méchante gueule de bois et l’excès de schnouck de la veille… L’homme – appelons le Jack, réalise manifestement où il est et semble être particulièrement étonné par la populace qui l’entoure à qui il emboîte le pas avec une certaine fébrilité.
Le groupe fini par sortir du bâtiment par une journée radieuse. L’île pullule de blaireaux et Jack semble toujours aussi perdu – surtout lorsque son regard se perd au loin dans la baie de San Francisco et sa pléthore de gratte-ciels modernes. Un panneau touristique plus tard indiquant le parcours à suivre dans la prison, voilà que Jack se dirige en direction du bateau-navette supposément sensé ramener le troupeau de touristes sur le continent. Dans son élan, il est arrêté par un employé de l’île qui lui demande son ticket. Jack, toujours aussi largué, glisse sa main dans la poche intérieur gauche de sa veste pour en sortir un pass pour l’île, une clé et une liasse de billet. Décidément, les lendemains de concert de One direction, c’est plus compliqué qu’il n’y paraît…
Alors que Jack semble relativement étonné, l’employé lui souhaite un bon retour et le laisse passer. Pendant qu’un couple tente d’immortaliser son passage sur l’île par un énième selfie moisi, Jack s’installe tel un ninja à côté de leurs affaires dont il ponctionne tout en douceur un livre narrant manifestement l’histoire d’Alcatraz qu’il s’empresse évidemment de consulter. Le hasard (ou pas) l’amène à consulter les photos des résidents célèbres ayant un jour séjournés en ces lieux; en feuilletant, il tombe nez à nez avec la photo du détenu 2024: Jack Sylvane qui n’est autre que… lui-même. Le ton est posé…
Flash Back – Alcatraz – 1960.
La fine équipe de détenus du rocher est manifestement réveillée par les sympathiques et chaleureux gardes de la prison. Jack Sylvane se redresse et attend l’ouverture des portes. Alors que les détenus se déplacent en bloc, un type en smoking accompagné de 2 joyeux lurons suggère prestement à Jack de rester où il est: ce qu’il fait sans broncher. L’homme ordonne alors aux gardes de fouiller sa cellule; ces derniers s’exécutent avec la délicatesse bien connue dont ils savent faire preuve, mais s’en retournent rapidement, n’ayant rien trouvé de suspect.
Monsieur Smoking semble courroucé par cet état de fait et décide lui aussi d’aller jeter un oeil. Ce dernier revient toutefois avec une trouvaille: un objet pointu permettant de faire potentiellement des travaux de poinçonnage auprès de l’intégrité physique des autres détenus. Alors que Jack explique que ce n’est pas à lui, Monsieur Smoking invite les gardes présents à se saisir du détenu pour l’amener pour une session de yoga au mitard. Jack s’offusque, ce jour étant celui des visites (ayant lieux une fois par mois). Monsieur Smoking secoue la tête: c’est en effet le jour des visites mais pas pour Jack…
Retour au présent.
Jack feuillette toujours le livre et tombe sur la photo de Monsieur Smoking en 1960, puis aujourd’hui, bien plus vieux, tenant un diplôme et la médaille de la bravoure – la plus haute distinction qu’il est possible d’obtenir au sein du FBI. Monsieur Smoking a même un nom: E.B. Tiller. Sylvane n’a pas l’air très content. Alcatraz s’éloigne au loin à mesure que la bateau se rapproche de la côte et que les sourcils de Jack se froncent: on l’a compris… « Maintenant, ça va chier dans l’ventilo!« …
Y-a-t-il un JJ dans l’avion ?
Alcatraz est une série télévisuelle de SF made in US de 13 épisodes (uniquement) de 43 minutes produite en 2012 sur le réseau Fox par ce bon vieux Jeffrey Jacob Abrams (JJ pour la majorité de l’univers) dont une seconde saison ne verra jamais le jour. Côté réalisation, on retrouve Jack Bender – un nom que les amateurs de « La Caravane de L’étrange », « Boomtown » et « Alias » n’auront certainement pas oublié. À l’écriture du scénario, on (re-)trouve Elizabeth Sarnoff qui avait déjà collaboré sur Lost (mais aussi sur Deadwood, Crossing Jordan et NYPD Blue), Steven Lilien et Bryan Wynbrandt que l’on connait notamment pour leur actualité scénaristique sur Gotham (Kyle XY, Les Experts: Manhattan, Boomtown).
Côté casting, on retrouve également quelques têtes bien connus pour les premiers rôle avec notamment Sarah Jones (Justified, Sons of Anarchy, Cain & Abel, Ugly Bett…) dans le rôle de Rebecca Madsen, Jorge Garcia (Lost, Fringe, iSteve…) dans le rôle du Professeur Diego « Doc » Soto, l’excellentissime Sam Neill (À la poursuite d’Octobre rouge, Jurassic Park, Event Horizon, Merlin…) dans le rôle du mystérieux agent du FBI & casse-c… Emerson Hauser, Parminder Nagra (The Blacklist, Urgences, Joue-la comme Beckam…) dans le rôle du Docteur Lucille « Lucy » San Gupta, Jonny Coyne (Twin Peaks, Merlin, Very bad trip3) dans le rôle du génialement détestable Directeur d’Alcatraz James Warden, Jason Butler Harner (Hacker, The Newsroom, Fringe…) dans le rôle de l’adjoint du directeur Elijah Bailey Tiller et l’excellent Robert Forster, l’inoubiable Max Cherry de Jackie Brown (Psycho, Supernova, Mullholland Drive, Cursed, Twin Peaks) dans le l’oncle de Rebecca Madsen, Raymond « Ray » Archer.
Verdict ? Mouaif…
Je suis plutôt bon client des productions signé Abrams, fut-ce au cours de sa période Bad Robot ou celle qui la précède. Au niveau télévisuelle, j’ai d’ailleurs été et suis encore un grand fan de la série Fringe (avec notamment l’excellentissime John Noble en personnage central). J’avais du coup entendu parler de la série Alcatraz par le passé sans jamais avoir l’occasion d’y jeter un œil. J’étais donc plutôt ravi de tomber sur l’intégrale de la première saison en trifouillant par hasard dans un Cash-Converter. J’oubliais toutefois que la série n’avait pas été renouvelée et que ces 13 épisodes laisseraient probablement une palanquée de questions ouvertes…
Bien que JJ n’ait pas fait partie de l’équipe scénaristique, on retrouve indéniablement son empreinte. Alcatraz est en fin de compte une sorte de melting pot de concepts tirés de Lost relevés à la sauce Fringe mais sans le panache qui catégorisait ces dernières, alternant le bon et le moins bon. L’idée de base n’est pas mauvaise et la trame oscillant entre présent et passé insuffle un dynamisme assez intéressant au tout. Mais la surprise de départ s’essouffle quelque peu de par le fait qu’au bout de quelques épisodes, le spectateur a compris les mécanismes de mise en place de l’intrigue. Certes, on sent que quelque chose de bien plus gros se cache derrière cette apparente histoire de disparition et de soudaines réapparitions et on a tôt vite fait de comprendre que certains personnages sont bien plus profonds qu’ils ne paraissent au départ, que leur implication et leur intérêt dépasse laaaaaargement l’intrigue principale… Pourtant, la série se met à traîner le pas et malgré la révélation de certains détails que le spectateur attentif aura déjà compris préalablement, on constatera certaines longueurs inutiles. Les 2-3 derniers épisodes donneront l’impression qu’un nouveau souffle s’est abattu sur les braises scénaristiques permettant à l’histoire de faire un grand saut en avant et mettant à jour des éléments nouveaux qui amèneront leur lot de réponses et bien-sûr, par la même occasion, un tout nouveau lot de questions. Questions qui ne trouveront évidemment jamais de réponses puisque grande frustration s’il en est, la série s’arrêtera après cette seule et unique saison.
Côté interprétation, je reste un peu sur ma faim. Le personnage de Sarah Jones (Rebecca Madsen) rappelle un peu la fade-attitude d’Ana Torv (Olivia Dunham) du début de Fringe. Le personnage de « Doc » Sotto interprété par Jorge Garcia bien que sympathique est un peu trop proche de celui d’Hugo « Hurley » Anthony Reyes dans Lost, proximité qui est surtout induite par la dimension comique et quelque pataude du personnage. Sam Neil en agent du FBI est bien plus intéressant; une vraie tête à claque de bout en bout qu’on a envie de détester et pourtant, son personnage déshumanisé intrigue, interpelle. Oncle Ray interprété par Robert Forster ne laisse pas un souvenir impérissable et malgré une interprétation juste et une ou deux petites intrigues bien tassées, on ne s’attache pas vraiment au personnage. Reste le Directeur Edwin James et son adjoint E.B. Tiller, 2 personnages particulièrement intéressants et intriguant – antagonistes au combien mystérieux qui concentrent à eux deux les principales intrigues et questionnement de l’histoire.
Alcatraz est une série SF qui se fend d’une histoire intéressante dans son ensemble bien qu’inégale recelant quelques bonnes idées qui auraient pu former la fondation de quelque chose de plus solide. Malheureusement, la proximité scénaristique avec des séries telles que Lost ou Fringe et l’évolution un peu trop lente de la trame principale eurent raison de l’audience américaine voyant fondre cette dernière de 10 millions de spectateurs pour le premier épisode à moins de 5 millions pour le dernier. Comme très souvent, la série rencontra plus de succès en Europe qu’aux USA. Dommage – la seconde saison aurait pu amener de l’eau au moulin…
Malgré tout, j’ai apprécié visionner les 13 épisodes d’Alcatraz qui a défaut d’être totalement innovants m’auront permis de passer un bon moment et d’avoir notamment quelques idées sympa pour des scénarios de JDR… C’est toujours ça de pris…
Alcatraz (2012) / Science-Fiction – Dramatique / [IMDb 7/10]
Réalisateur : Jack Bender
Scénario : Steven Lilien, Elizabeth Sarnoff et Bryan Wynbrandt
Distributions : Sarah Jones, Jorge Garcia, Sam Neill, Parminder Nagra, Jonny Coyne, Jason Butler Harner, Robert Foster, David Hoflin, Jeffrey Pierce…
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