Un étang la nuit et de la brume sans gorilles (humour). Une voix monocorde aussi suave qu’un panier à linge prend la parole.
« Certaines personnes disent que c’est à cause d’un virus. C’est vrai que ça semble plus logique qu’un événement apocalyptique d’envergure biblique… Un virus paraît plus probable. Une chose minuscule, invisible que l’on porte en nous. Un groupe de molécules, un ensemble de commandes, des fragments de codes microscopiques qui circulent partout où il y a de la vie et qui cherchent à se fixer sur toutes créatures vivantes pour y répandre un programme maléfique. Oui en effet, un virus me paraît bien plus probable… »
Oulah. Il y a du niveau là…
Après cette introduction hautement optimiste, s’en suit un magnifique « Tadaaaaaaaa » sonore digne de « New York – Section criminel » qui annonce l’ouverture du premier chapitre, du premier jour.
Car oui, mes frères et soeurs, il y en aura 7. Malheureusement….
Et Dieu dit: « Que la lumière soit! » Et la lumière fut. [Génèse 1:3]
Pendant que le spectateur s’enfile rapidement une boisson énergétique (si pas autre chose de plus corsé pour éviter de manquer une miette de ce chef d’oeuvre), un fondu enchaîné noir nous laisse découvrir un homme bricolant dans la pénombre entre deux étincelles. On comprend rapidement qu’il s’agit d’un membre déchu de l’équipe Déco de Valérie Damidot en train d’essayer de réparer un court-circuit. Pour nous simplifier la vie, appelons le Ducon.
A ses côtés, un autre homme. Il se tait. Il ne bouge pas. Il est sérieux. Il est chauve. Il est viril. Il lance des éclairs avec ses yeux tout en faisant la plante verte. Il sourit, intérieurement. Ou pas. Le spectateur a déjà compris dès les premières images que le (bl)héro – c’est lui. Appelons le Lajoie – parce qu’il la respire, littéralement.
Ducon harangue vertement Lajoie. « Tu pourrais m’aider non ? »
Lajoie tourne la tête, avant de reprendre sa position initiale. Il se tient debout, sans bouger, sans dire un mot. C’est d’ailleurs ce qu’il fera de mieux durant la totalité du film. De temps à autres, on se surprendra à le voir jouer à 1-2-3 soleil, probablement meut par la volonté du seigneur ou par une pièce bloquée dans l’automate qui aurait subitement trouvé son chemin. Va savoir.
Il y a peu de lumière; probablement pour des raisons budgétaire – ça permet de faire des économies en électricité après celle faite sur le scénario. Et les effets pyrotechniques également. Et sur le cachet des acteurs. Bref, sur un peu tout…
Au loin, on entend des cris, des hurlements, des râles. Ils se rapprochent manifestement. Puis les voix se font plus prononcées; Ducon et Lajoie se lèvent d’un seul bon et dégainent chacun leur sulfateuse made in Taiwan-les-bains pour tirer à vue en direction des dits hurlements.
Le crâne d’œuf de Lajoie est en sueur et brille tel un phare dans la nuit. C’est vrai qu’avec autant de lignes de dialogues à apprendre par cœur, moi aussi je serais probablement en situation de grand stress.
La symphonie de détonations donne ensuite lieu à un silence assourdissant et à une musique lourde et lente intensifiant le dramatisme du moment. Ducon et Lajoie rangent leur jouet avant que Lajoie n’avale une grande rasade de jus de Canneberge.
Pour le spectateur qui ne s’est pas encore ouvert les veines, il découvre, par un subtil mouvement de caméra, que l’action se déroule dans un parking d’Ikea. Peut-être des employés du service après-vente refusant de se faire payer en boulettes…
Ducon et Lajoie s’avancent lentement mais sûrement en pointant leur jouet devant eux. Des corps empilés jonchent le sol, certains affichant même quelques spasmes pour faire genre « Suis pas encore tout à fait mort – le méchant revient toujours 2 fois » – ce que tout le monde, y compris les 2 intermittents du spectacles s’agitant devant la caméra auront déjà anticipé.
Alors qu’ils s’éloignent vers le soleil couchant et que le spectateur lambda espère voir le générique de fin, des nouveaux hurlements rebondissent par vague contre les murs du parking. Ducon et Lajoie se retournent l’air totalement circonspect comme il leur a été enseigné durant les cours d’Acting Studio du soir – feignant la surprise: « Mais ce n’était pas dans le scénario ça? ». Phrase à laquelle le spectateur répondra du tac-au-tac: « Mais quel scénario? »
04:13 après le début du film, Lajoie sort enfin sa première phrase: « On a quelques secondes. Cours!« . Merci monsieur Shakespeare.
S’en suit une énième course poursuite entre Ducon et Lajoie et une meute de clients mécontent légèrement vindicatifs et baveux agitant des notices de montage de meuble en suédois illustrée par une série d’images über-saccadées filmées probablement par l’amical Israélien des boulistes épileptiques en pleine crise. N’oubliez pas votre petit sachet si votre estomac est sensible. Ducon fait alors sauter un explosif – ce qui a évidemment pour effet de ralentir 3 secondes les clients énervés qui n’ont pas encore abandonné la course-poursuite.
Le climax est atteint lorsque le duo plonge dans un 4×4 capricieux qui ne décolle pas plus que l’histoire – notamment pour pouvoir se farcir les sempiternels plans de Zombie bavant du sang sur le pare-brise que l’on a encore jamais vu auparavant dans n’importe quel autre film du genre. Mais le véhicule fini par démarrer et le spectateur déconfit découvre que l’histoire n’est finalement pas encore terminée…
Voilàààààà…
Ce sont seulement les 5 premières minutes du film de « Science-Fiction » Israélien Another World (francisé comme d’habitude avec un titre à la con) d’Eitan Reuven a qui l’on doit déjà.. Bah rien mais alors rien du tout… Franchement rien du tout de bon manifestement, sorti en 2014 on ne sait pas trop pourquoi ni d’ailleurs comment… Peut-être un héritage pour financer cet bou… euh oeuvre cinématographique qui aura quand même coûté la bagatelle d’un million de sesterces.
Pourtant, le pitch du film grossièrement parfumé à la senteur post-apo, surf sur la vague du phénomène décidément très à la mode du Zombie et ne laisse en soit pas vraiment entrevoir l’expérience pénible que sera son visionnage. Dans un futur post-apocalyptique, un programme biologique condamne la Terre, ne laissant que quatre survivants dans un monde rempli d’infestés. Alors que la 4 guignoles survivants tentent de comprendre ce qui a pu se passer, ils rencontrent un 5ème survivant qui semble, lui, plus qu’informé… CE qui en soit est plutôt une bonne nouvelle; le spectateur se posant inlassablement la même question depuis les premières minutes du film: Mais pourquoi?
Au niveau des acteurs, on retrouve l’incroyable Larry Butchins que l’on aura pu apprécier dans…euh… Mais aussi Zach Cohen qui nous aura ému dans son interprétation de… euh… Et que dire de Suzanne Gschwendtner… Oui quoi… Sans oublier Davina Kevelson que tout le monde attendait… Pas trop.
Verdict: Aie.
C’est mauvais.
C’est même au delà de mauvais…
C’est haut perché sur l’échelle Ride-lait-scotte des catastrophes cinématographique qu’il m’a été donné de visionner jusqu’à présent. On peut difficilement le considérer comme étant un nanar puisque ce dernier se prend manifestement au sérieux. Le casting est fondamentalement mauvais – de l’acteur à l’équipe de tournage. Le scénario est incroyablement décousu, frisant les profondeurs de la mer, mettant en scène – si on peut s’exprimer de la sorte, des personnages aussi moisis, creux que pathétiques…
Bref, 2 heures de désolation scénaristique et visuelle abracadabrantesque.
Eitan, si tu nous entends…
Another World (2015) / Science-fiction-horreur / [IMDb 5.8/10]
Réalisateur: Eitan Reuven
Scénario: Eitan Reuven, Shlomi Aviner, Michael Birinbaum
Distributions: Susanne Gschwendtner, Zach Cohen, Davina Kevelson, Carl McCrystal, David Lavenski, Larry Buchins…
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