Le 6 mars 2020, je postais mon dernier article. Qui aurait cru qu’il me faudrait près de 19 mois pour trouver mes mots…
Autant vous avertir de suite : ce qui va suivre est assurément bien trop long, et probablement pas très intéressant pour une large majorité d’entre vous. Mais ce fut un mal nécessaire ; un carnet de route d’un chemin semé d’embûches, de doutes et de questions laissées sans réponses. Un chemin cathartique qui aura eu le mérite de m’aider à replacer l’église au milieu du village, régler la netteté de mon objectif et me permettre de retrouver une passion évanescente… Vous voilà averti.
Commençons.
One for the money two for the show, three to get ready now go…
Le 17 novembre 2019, un patient de 55 ans tombe malade dans un bled appelé Wuhan dans la région de Hubei (Chine), suivi dans la foulée par une dizaine d’autres patients (recensés), développant tous des formes étranges de pneumopathie diverses et variées. Il faudra un mois de plus pour que les médecins réalisent, à la suite de tests ciblant 22 germes pathogènes respiratoires, qu’ils sont en présence de quelque chose qui nous est inconnu. Alors que le monde s’apprête à basculer joyeusement en 2020, l’OMS est officiellement informée par les autorités chinoises qu’une bricole légèrement inconnue se développe un tantinet et sans retenue sous leurs latitudes. 7 jours plus tard, les scientifiques chinois confirment qu’il s’agit bien là d’un nouveau virus de la famille des Coronavirus, sobrement appelé « SARS-CoV-2 ». Oui, à ce tarif-là, ça vend du rêve…
Alors que l’humanité se gausse gaillardement des images de la population chinoise, contrainte et forcée de se plier à un régime de restrictions impliquant port du masques et autres fantaisies du genre suite à une petite grippe de rien du tout, l’OMS confirme de son côté que le bouzin Wuhanien est à fortiori transmissible entre humains et (selon information fourni par la commission nationale de la santé de Chine fin janvier) serait même susceptible de se répandre de manière exponentielle. Le 30 janvier 2020, ça rigole d’ailleurs déjà un chtipeu moins, puisque l’OMS déclare que l’épidémie constitue « une urgence de santé publique de portée internationale ».
Oui, ça commence sérieusement à poquer du derche…
Ceci étant dit, le quidam moyen, – dont je fais assurément parti, haussera toujours et encore un sourcil ; rien d’étonnant cependant… Au cours des années précédentes, l’OMS n’a eu de cesse de crier au loup à grand renfort de vache folle, de grippe aviaire et autres fléaux de nature biblique, devant supposément s’abattre sur le palto de l’humanité… Alors une énième grippe, made in China de surcroît… Bof.
Le 11 février 2020, l’OMS fini par baptiser le petit dernier d’un patronyme sympa, à sonorité moins scientifique et plus facile à retenir pour les médias : la Covid-19.
Grâce notamment à nos moyens de déplacements aérien, le Tsunami, qui a pris forme à Wuhan quelques mois plus tôt, se déplace désormais librement à travers le monde, à la rencontre de nouveaux hôtes tout aussi accueillant. La vague nous arrive dessus, mais personne ne s’en doute vraiment… En reprenant les mots du poète Kenshirô de l’anime Hokuto no Ken : « Tu es déjà mort, mais tu ne le sais pas encore…« . Et malheureusement, pour certains, ce sera effectivement le cas…
Pendant ce temps, à Vera Cruz de la Croisette, 110’000 visiteurs, 5000 professionnels, 310 stands, plus de 400 auteurs et illustrateurs de jeux, 313 journalistes et « influenceurs », et pas moins de 6000 personnes (pour 4 nuits de « OFF ») vont entre autres composer le bilan de clôture de la 34e édition du Festival International des Jeux de Cannes. Pas de masque, pas de distanciation sociale, pas de gel hydroalcoolique, pas de limitation, pas d’inquiétude… Pas encore. Nous sommes le 23 février 2020.
Avec le recul, le FIJ aura eu chaud… Fichtrement chaud ! L’OMS finira par qualifier la Covid-19 de Pandémie 15 jours plus tard… C’est dire…
Bien qu’habituellement neutre, la Suisse entre dans la danse le 25 février avec un patient Tessinois (canton limitrophe à l’Italie) d’une septantaine d’année en détresse respiratoire. Mais ça s’active aussi ailleurs, puisque les cas s’enchaînent aussi en Suisse-Romande. Un top-départ relativement bancal est donné aux affiches de prévention, demandant à tout un chacun de se familiariser avec des consignes pas toujours très claires pour endiguer le potentiel raz-de-marée. On va commencer à se laver les mains trouzmille fois, on va éternuer dans son coude, on va rester à la maison si malade (une proposition à la pointe de l’innovation) et on va évidemment bannir bises et poignées de mains etc… Et bien sûr, on va se mettre à porter un masque. Ou pas. Ou oui, car c’est important ! Ou pas, parce que pas obligatoire. Mais oui, parce qu’obligatoire… Le débat fera rage un bon moment ; les messages des politiques et du corps médical étant contradictoires, peu clairs et pas foutu de s’aligner sur le sujet.
5 jours avant ce « Level Up » de classe olympique de l’OMS, je poste tranquillement un second article (sujet à mes pérégrinations FIJ-esque) sans nullement envisager qu’il s’agira du dernier avant une très longue pause. Soit quelque chose comme 500 jours, à une vache près…
L’Italie passe à la vitesse supérieure le 8 mars en mettant en quarantaine près de 15 millions de personnes limitrophes à la Suisse; la situation est désormais plus que délicate. Le gouvernement Helvétique prend conscience de la gravité croissante de la menace. Le nombre d’infections explose de manière exponentielle.
Le vendredi 13 mars, – soit 2 jours après la décision de l’OMS de qualifier la Covid de « Fête du slip internationale », le pays bascule dans le PQ-Gate. Les autorités annoncent que les écoles vont fermer et que l’enseignement se fera désormais à distance. D’autres mesures restrictives sont également annoncées dans la foulée, faisant souffler un vent de panique au sein de la populace (même si plus spécifiquement dans les rangs des QI négatifs). Pendant que certains commencent à crier au complot mondial, d’autres se lancent dans une sorte de Hunger Games domestique dans les rayons alimentaires des magasins et… Du papier de toilette.
Pourquoi le PQ ? Bonne question.
© Chappatte dans Le Temps, Suisse / 13.03.20 / https://www.chappatte.com/
Aucun des symptômes de la Covid n’étant des diarrhées de classe olympique, j’en reste toujours aussi perplexe aujourd’hui. Il m’est d’avis cependant que plus d’un an après les faits, le stock de certains ne doit à ce jour toujours pas être complètement épuisé…
Quand la Covid s’arrête à la frontière, grâce à l’anticyclone des Açores… Encore…
Le 16 mars, la fête est définitivement terminée. Le gouvernement Suisse décrète l’état de situation extraordinaire ! En gros, le conseil fédéral (une collégialité de 7 pignoufs chacun responsable d’un département) prend exclusivement les reines du pays en les retirant des mains des différents gouvernements cantonaux pour désormais orchestrer l’Helvétie d’une seule voix. Dans la foulée, et en accord avec ses voisins, la confédération ferme également ses frontières. On ne sait jamais… À l’instar du nuage de Tchernobyl, le virus pourrait être tenté de faire demi-tour, voire de nous contourner…
Alors que je tente d’assimiler avec joie et allégresse, le concept de cohabitation 24h/7j avec la marmaille jumelée à la continuité de mes activités professionnelles sous un même toit, je découvre, aussi et surtout, que ce bon virus a fini par nous repérer dans l’annuaire. Il se dit alors que les enfants ne sont pas spécialement vecteurs du bouzin ; il n’empêche que pour cette fois, l’exception ne viendra pas confirmer la règle. Les héritiers, qui l’ont très probablement embarqué façon paquet-cadeau de leurs pérégrinations estudiantine (on parle d’incubateurs sur pattes donc…), se mettent bizarrement à développer un poil de fièvre durant 24h, mais rien de bien plus exotique. Cependant, l’opération de noyautage est lancée avec succès et le premier adulte ne va pas tarder à se manger un tour de montagne russe chinoise gratuit.
Mais comme écrivait ce bon vieux Dumas : « un pour tous et tous pour un »! Une petite semaine plus tard, j’allais moi aussi avoir la joie et le bonheur de goutter au variant Wuhanien topping helvétique. Il me faudra un bon mois pour retrouver un état normal après avoir expérimenté une liste « king-size »de symptômes désagréablement funky (la perte du goût et de l’odorat est une expérience assez édifiante). J’échapperai cependant au plus dangereux et plus délicat de la liste : les problèmes pulmonaires…
Cette aparté non sollicité, associé au rythme d’un monde chamboulé tournant désormais au ralenti, me poussera très naturellement (comme bien d’autres) à revoir certaines de mes priorités. Des questions liées à mes activités extra-ludiques me taraudant l’esprit depuis plusieurs mois, le site se mettra presque trop naturellement en stand by…
« Puisque rien ne peut sortir de rien, comment l’univers peut-il sortir du néant ? » [Jean d’Ormesson]
Un peu à l’instar de ce groupe de chercheurs Finlandais qui en 2013 firent apparaître des photons bien réels à partir du vide (…Et la lumière surgit du néant…), prouvant par la même occasion que le vide « en tant que tel » n’existe pas, et que l’on peut parler de n’importe quoi pour rebondir sur un sujet qui n’a strictement rien à voir, c’est du marasme covid-esque qu’allait surgir une forme de renouveau…
Mais reprenons.
À contrario de beaucoup de mes estimés collègues et ami(e)s, ni la première période de confinement, ni les mois qui suivirent ne furent un long fleuve tranquille (ni au privé, et encore moins au niveau professionnel). Alors que je pensais « sereinement » reprendre le chemin de l’écriture, considérant qui plus est, que j’avais vraiment beaucoup de choses à partager de mon périple au FIJ, je constatais, non sans étonnement, mêlé qui plus est à un soupçon d’amertume, que mon navire était désormais en cale sèche ; l’envie n’y était plus. Nada. Peau de fesse.
Je ne saurais d’ailleurs dénombrer le nombre de fois où je me suis assis devant mon écran, essayant péniblement de me lancer sur un nouvel article, où reprenant simplement un brouillon amorcé par le passé, pour finalement me retrouver figé dans l’espace-temps, incapable de pondre ne serait-ce qu’une simple phrase me donnant un tantinet envie de poursuivre. Frustrant. Effrayant… Force est de constater, que je réalisais peu à peu, que le problème auquel je faisais face, était peut-être la résultante de quelque chose de déjà latent ; un dossier vaguement ignoré au sein d’un trop large pile ayant trouvé le moyen de revenir insidieusement en son sommet.
Une scène, tirée d’une série que j’apprécie beaucoup, me revient souvent lorsque je repense à ce moment précis. Elle met en scène un des protagonistes principaux de l’histoire qui, en sortant de chez lui, constate que sa maison est mystérieusement entourée par le néant. Tout est noire, vide, profond, infini. Hésitant, il finit par sauter le pas en s’aventurant avec précaution hors de la bâtisse. Voyant que le sol ne semble pas s’écrouler sous ses pieds, il décide d’essayer de s’éloigner ; d’abord de quelques pas, puis finalement d’une centaine de mètres. Une fois la distance parcourue, il contemple silencieusement l’immensité du vide devant lui, avant de se retourner pour constater que tout est toujours aussi vaste, noire et infini. Une seule lumière subsiste : son point de départ… Un petit point lumineux qui agit tel un phare dans la nuit…
Vous allez me dire : « Wesh fraté, c’est la hess ta story! T’avais trop la seum! T’as fini en PLS total !«
Bon…
Possiblement, pas exactement en ces termes…
Et bien, non. Compte tenu de la situation générale, j’allais globalement bien. En revanche, j’avais clairement perdu tout envie d’écrire et de nourrir/partager ma passion ludique par le biais de l’écriture. Après près autant d’années en exercice, c’était aussi inédit que foncièrement perturbant…
« Certains veulent que ça arrive, d’autres aimeraient que ça arrive et quelques-uns font que ça arrive… » [Michael Jordan]
J’ai toujours considéré avoir un bon esprit d’équipe. On m’a d’ailleurs fréquemment fait remarquer que c’était une de mes forces.
Au cours de mon parcours ludique, j’ai très souvent été amené à collaborer avec d’autres sur différents projets. De toutes ces expériences, certaines ont toutefois fini par réussir à me convaincre que je ne serais pleinement satisfait qu’en étant le seul maître à bord. C’est plus ou moins ainsi que naquit le Lonely Dark Meeple. Comme il n’y a que les idiots qui ne changent pas d’avis, je finis toutefois, et ce malgré certaines réticences, par me laisser convaincre de rejoindre les rangs d’une équipe d’un site ludique, quelque part en 2018, mettant par la même occasion ce blog plus ou moins en mode déplacement Warp-escargot. Bien que plutôt réfractaire à l’origine, j’avais succombé à l’idée séduisante (et peut-être un peu fantasmagorique) que je devais pouvoir envisager de faire partie d’un groupe de « passionnés », une chouette équipe œuvrant joyeusement dans un même but commun.
En revenant du FIJ 2020, je venais grosso-merdo de passer 2 ans (à une vache près) à collaborer avec ce groupe de passionnés. Je n’avais cependant jamais totalement arrêté mes activités sur ce blog, et n’avait d’ailleurs jamais eu l’intention de le faire ; j’avais juste drastiquement réduit ces dernières, considérant que ma collaboration devait passer au premier plan. Ce blog était de toutes façons un espace qui me permettait de partager sur des sujets aussi divers que variés, alors que mes activités collaboratives étaient uniquement focalisées sur le domaine ludique.
Cette parenthèse de 2 ans se termina cependant plutôt abruptement et (n’ayant pas peur des mots) plutôt salement, me laissant après coup, avec un arrière-goût plutôt amère. L’amertume fut d’autant plus grande, dans la mesure ou mon entourage fut tout aussi interloqué (sur le fond aussi bien que sur le forme). Mais cette amertume ne subsista cependant pas très longtemps, laissant peu à peu place à une réelle forme de soulagement. Lorsque je regarde aujourd’hui dans le rétroviseur, je ne garde peu ou prou que les souvenirs d’une expérience globalement intéressante, voire même stimulante dans son ensemble, sans parler du relationnel construit en chemin…
Je suis, et j’ai toujours été, un très grand défenseur du travail en équipe et de la notion d’équipe en général. Cette notion ne consiste pas simplement à réunir une poignée de pignoufs plus ou moins compétents sous une même bannière, semblant plus ou moins d’accord avec les termes en vigueur, et ce, aussi passionnés soient-ils. Elle nécessite notamment aussi une cohésion fonctionnelle, une vision collective, une façon commune d’envisager les actions de l’équipe, de l’écoute, du dialogue, de la considération pour autrui, une bonne dose de volonté, une orchestration claire, efficace et harmonieuse et aussi une bonne grosse tranche de résilience. Cette formule, qui plus est non exhaustive, n’est pas forcément accessible pour tout un chacun, surtout sur le long terme.
Quand un mécanisme s’enraille, le véhicule n’avance simplement plus…
« On est légitime quand on se sent légitime, mais notre légitimité se construit dans le regard de l’autre. » [Alain Leblay]
Je me suis toujours considéré comme « un bloggeur« . Alimenter de mes écrits ce blog (ainsi que d’autres sites), était une façon de partager simplement ma/mes passion(s) avec autrui. Pourtant, à un instant T, – que j’ai beaucoup de mal à situer, le monde est passé du terme de « bloggeur » à celui « d’influenceur ». Si on en croit ce bon vieux Larousse, un influenceur est une « personne qui, par sa position sociale, sa notoriété et/ou son exposition médiatique, a un pouvoir d’influence sur l’opinion publique, voire sur les décideurs. ». Étrangement, lors de mes échanges, on commençait à me qualifier en tant que tel…
Pouvais-je donc vraiment être considéré comme tel ?
Une des questions qui m’a le plus taraudée au cours des dernières années concerne la notion de légitimité. Comme bon nombre d’autres contemporains, on m’a proposé de m’envoyer un exemplaire d’un jeu, afin de pouvoir le tester et me permettre du coup de rédiger un article à son propos. On ne m’a jamais explicitement demandé d’écrire quoique ce soit, mais j’ai toujours considéré que ce type d’exercice s’apparentait un échange de bon procédé. Il m’est également arrivé, – même si bien moins fréquemment, de demander à un éditeur si je pouvais recevoir un exemplaire d’un jeu. Mais fut-ce dans un sens ou dans l’autre, je n’ai jamais été à l’aise avec cette pratique. Outre le fait que je me questionnais sérieusement sur ma légitimité, que j’avais du mal à me positionner avec cette notion « d’influence » et que je ne me considérais pas non plus comme un « critique », j’étais déjà tombé à plusieurs reprises sur certains messages d’auteurs / éditeurs soulignant l’arrogance de certains de ces « pseudo-influenceurs » qui sonnaient globalement à la porte de leur dealer juste pour venir chercher leur dose. Cette situation me mettant mal à l’aise, je finis par globalement acquérir les jeux que je voulais tester et pour lesquels je pouvais décider librement de rédiger un article.
En fait, t’es un critique de jeu de société, c’est ça ?
Non.
Ayant eu l’occasion de prendre part à bon nombre de discussions (en ligne et hors ligne) pour débattre du concept de « critique », rédiger une « critique », même en y apportant une argumentation, revenait (selon moi) à faire croire (et à penser très modestement… Ou pas.) que l’on était expert dans un certain domaine. Or, je ne me suis jamais considéré en tant que tel. Je n’aspirais qu’à partager un point de vue, somme toute personnel, qui pouvait éventuellement permettre à une certaine quantité de personnes, de déterminer si ce dernier pouvait éventuellement leur convenir. Un critique, au sens large, n’était-il pas une personne portant un jugement sur une oeuvre ?
C’est justement cette notion de jugement qui me pose un réel problème.
Qui suis-je pour juger une oeuvre ?
Je peine à lire ces articles qui descendent une oeuvre en flamme. Même si je comprends parfaitement qu’une oeuvre (livre, film, jeu…) ne puisse pas plaire à tout le monde, il est fort probable qu’elle puisse plaire à quelqu’un. Quand je donne mon impression sur un jeu (sur un film, une série, un livre, un pangolin…), je me base communément sur un point de vue parfaitement subjectif : le mien. Même s’il m’arrive de faire référence à certaines « normes » du moment (ou critères de succès), je suis profondément convaincu que ce qui réussira à titiller mon intérêt, pourra tout aussi bien déclencher l’indifférence chez un autre. Et c’est justement toute la beauté de l’exercice ! Il existe un public pour chaque oeuvre , et j’ai parfois l’impression, spécialement dans les articles très sévère, que cette notion est purement et simplement oubliée voire volontairement ignorée. Comme mes parents aimaient à le répéter dans ma jeunesse : « il faut de tout pour faire un monde« . On parle de prime jeunesse, hein !? Non pas que je me sente bien vieux à 44 ans… 🙂
Une oeuvre tel qu’un jeu représente d’interminables heures de travail, pour une équipe de plusieurs corps de métiers différents qui par leur effort commun, essaye de créer la meilleure combinaison possible qui plaira au plus grand nombre. Les « critiques » qui se permettent d’atomiser certains jeux devraient s’atteler à ne pas l’oublier…
Attention ! Je n’essaye pas de dire qu’un article négatif sur un jeu est inutile, ne devrait pas être et ne pourrait pas s’avérer constructif ! Bien au contraire ! Cependant, je pense malheureusement que beaucoup oublient parfois qu’il y a l’art et la manière de le présenter…
« La plus grande gloire n’est pas de ne jamais tomber, mais de se relever à chaque chute. » [Confucius]
Au cours du mois de septembre 2020, je tombais sur l’article « La critique ludique et les influenceurs » du très bon site « Des jeux une fois« , dans lequel Michaël Boutriaux alias Cowmic (et accessoirement auteur de l’excellent Belgian Beers Race) allait partir du même postulat pour développer le sujet, tout en y apportant un point de vue personnel éclairé ; un article que je vous recommande d’ailleurs chaudement de lire.
Même si objectivement, je n’adhère pas à la totalité de l’article, l’avis de Cowmic est très pertinent ! Dans les éléments que je retiens notamment (et dans lesquels je me retrouve), il explique, en substance, ne pas pouvoir répondre à la question de la légitimité, mais souligne cependant que c’est l’acteur ludique sollicité qui doit pouvoir y répondre selon ses propres critères. Il partage également ma répulsion au terme « influenceur« , dans lequel il ne se reconnait pas. Il précise que le terme est toxique (dans le l’environnement du Jeu de société) selon lui, et synonyme d’avis biaisé puisque basé sur le concept de « don pour promotion« .
Un point abordé dans l’article et qui me fait souvent sourire, concerne la notion de concurrence. Quid des autres blogs ? Quid si l’on a moins de suiveurs/abonnés/fans que d’autres blogs ou sites ludiques ? Son point de vue, – que je partage pleinement, a le mérite d’être limpide : peu importe. Je ne vois aucune concurrence avec les sites de mes contemporains. Nous sommes tous des passionnés et nous ne souhaitons rien de plus que prendre du plaisir à la partager avec autrui.
Comme dit Cowmic, et je me permets de le citer :
« L’important, c’est de faire gagner le jeu. Et plus on en parle, mieux c’est. Et chaque avis compte, chaque phrase compte, chaque mot compte. Si toi aussi demain tu as envie d’écrire, rejoins une structure (on est toujours ouvert chez DJUF d’ailleurs) ou lance la tienne. Mais ne le fais pas pour la gloire, ou pour les boîtes gratuites, fais-le par passion. ».
The show must go on…
C’est assez fou de penser que j’ai commencé à rédiger cet article quelque part en 2020. Je ne saurais d’ailleurs même pas comptabiliser le nombre de fois où il m’est arrivé d’en effacer des pans entiers, tellement je trouvais ma prose sans substance, sans saveur. Encore aujourd’hui, juste avant de le publier, j’ai remis une couche en changeant/ajoutant quelques phrases… Force est de constater que ça m’est arrivé relativement souvent. Il m’est également arrivé de ne plus y revenir pendant des semaines, puis d’aligner 5 jours durant des réflexions les unes derrière les autres. Un vrai chaos sommairement organisé…
Ce qui est intéressant dans cet exercice quelque peu cathartique, c’est qu’il m’aura permis de faire le point ; d’essayer de trouver des réponses au cours d’une période où les questions et inquiétudes abondaient. En décidant de poser ma plume mon clavier, je voulais me donner le temps de la réflexion. Je ne voulais surtout pas brusquer les choses, me faire violence et provoquer un passage en force. À l’instar d’une psychothérapie, je voulais essayer de comprendre ce qui avait insidieusement commencé à ronger ma passion, comme un ver dans un fruit, pour épuiser une source que je croyais (faussement) intarissable. Je voulais retrouver cette flamme qui m’avait nourri toutes ces années durant.
Ce fut long.
Ce fut très souvent pénible.
Ce fut assurément frustrant.
Mais ce fut aussi et surtout constructif au plus haut point !
J’ai bien évidemment conscience que cet article est non seulement beaucoup (beaucoup) trop long, mais aussi probablement d’une chiantitude absolue. Pour être parfaitement honnête, je ne m’attends d’ailleurs pas à ce que grand monde ne le lise ; ce serait de toutes façons compréhensible. Ce texte a toutefois le mérite de reprendre des éléments clés d’une longue traversée du désert à laquelle d’autres ont peut-être un jour été confronté. En ce qui me concerne, il était nécessaire de le coucher tout ça à plat pour pouvoir redémarrer la machine.
Mais peut-être que sa lecture apportera des bribes de réponses à certains, peut-être pas. Peu importe finalement.
Ce qui importe, c’est de partager ce qui nous semble important ; il m’importait justement de le faire après tout ce temps.
Le 6 mars 2020, je postais mon dernier article. Qui aurait cru qu’il me faudrait près de 584 jours pour retrouver mon chemin…
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