Et en plus, il faisait FIJ-trement beau…

Comme désormais chaque année depuis 1643, le passage calendaire au mois de février nous aura donné l’occasion de procéder à notre traditionnel pèlerinage au Festival International des Jeux de Cannes (FIJ pour les membres de la secte), véritable Mecque ludique et passage obligé pour les passionnés, en plus d’être idéalement situé en bord de mer. 

Organisé dans le Palais des Festival entre le 21 et 23 février, cette 34e édition allait être d’autant plus intéressante puisque marquée par le sceau de la transition, avec Cynthia Rebérac reprenant le poste de Commissaire générale (après le départ de Nadine Seul), le départ de Marcus et Monsieur Phal (fondateur et figure de proue du site TricTrac.net) ainsi que le renouvellement du jury de l’As d’Or – Jeu de l’année. 

La cérémonie de remise de l’As d’Or allait également être remaniée pour se voir condenser (potentiellement) sur 1 heure avec, aux commandes, l’équipe excellentissimement déjantée d’Es-tu Game. L’édition 2019 avait en effet laissé un souvenir impérissable dans les mémoires quant à sa durée interminable, même si d’un point de vue purement personnel, je suis encore ravi aujourd’hui d’avoir pu assister à une sorte d’apothéose « pré-remaniement » avec la reprise de la Carioca par Marcus et Monsieur Phal. Marcus soulignera d’ailleurs qu’il en avait rêvé depuis qu’il présente la remise de l’As d’Or…

À ce tarif-là, qui ne l’aurait pas rêvé ? 🙂   

Comme chaque année, la sélection des jeux nominés pour remporter les précieux prix (As d’Or Jeu de l’année, tout public, enfant et expert) aura de nouveau laissé couler beaucoup d’encre. Reste que nominer une oeuvre dans le cadre d’une sélection est un exercice de style particulièrement délicat, spécialement dans le monde ludique, considérant le nombre de jeu édités par année. Quels que soient les choix effectués, on se heurtera toujours à une barrière de mécontentement à plus ou moins grande échelle. À titre personnel, j’évite en général de faire partie de cette barrière en public, même si je dois bien avouer que dans un cadre plus privé, entouré d’amis ou de collaborateurs, je vais comme tout le monde y aller de ma diatribe.

Maintenant, à titre très officiel, je n’aurai pourtant eu qu’un véritable regret cette année concernant ladite sélection, qui pour moi, est tout de même difficile à comprendre. À savoir, la non-nomination de l’incroyable [Kosmopoli:t] de Florent Toscano et Julien Prothière qui aurait vraiment mérité figurer parmi les nominés. Il m’est cependant d’avis que ce dernier est loin d’avoir fini de faire parler de lui…

Avec une sélection aussi panachée que celle de 2020, on pouvait résolument s’attendre à des surprises pour la remise des Prix…

Ce fut notamment le cas pour l’As-d’Or – Jeu de l’Année « Tout Public » remporté par le jeu Oriflamme du tout jeune éditeur « Studio H » (le Goupe Hachette ayant placé un pied dans l’entre-bâillement de la porte ludique avec l’acquisition de Gigamic). Une surprise certes, mais il ne faut pas oublier que le navire Studio H est dirigé par un autre « H », – et pas n’importe lequel : un Capitaine de renommée qui n’a rien d’un débutant : Hicham Ayoub Bedram fraîchement débarqué de Matagot en Juillet 2019. 

L’As-d’Or – Jeu de l’Année « Expert » reviendra, quant à lui, à l’excellent Res Arcana (Sand Castle Games) et l’As d’Or – Jeu de l’Année « Enfant » adoubera le sympathique jeu Attrape Rêve (Space Cow); des titres sur lesquels nous reviendrons plus en détail…

Félicitations ! Vous venez de tomber sur le passage introspectif de cet article. Si vous sentez déjà la fatigue tirailler vos yeux et les bâillements remonter à la surface, je vous encourage à sauter ce petit passage. Pour les trois du fond qui n’écoutaient pas et pour la poignée de personnes masochistes que cela pourrait intéresser, reprenons.

Mon séjour au festival ne se sera pas exactement déroulé comme prévu. Entendons-nous : il ne s’est pas mal déroulé ; bien au contraire. J’ai cependant dû faire face à une situation inattendue quelque peu désagréable qui m’aura en l’état, tout au plus coûté un peu de bonne humeur et de spontanéité.

S’il y a bien une chose qui me caractérise, c’est mon pragmatisme. Quand j’étais plus jeune (plus fou, plus fringuant et avec moins de poils blancs), j’avais tendance à me laisser emporter par une situation, réagissant parfois dans l’émotionnel au lieu de laisser mon côté rationnel prendre les commandes. Avec le temps, j’ai fini par inverser cette tendance (non sans mal), préférant digérer mes émotions négatives au profit d’un peu de réflexion. Je suis convaincu que réagir à une situation dictée par la colère, la déception, la tristesse ou tout autre émotion négative, n’apporte en général qu’une résolution insatisfaisante d’un problème et ne pondère que sur le moment, le poids dont on essaye de se défaire. 

Si les 43 dernières années de ma vie m’ont appris quelque chose, c’est que l’on ne comprend pas toujours ce qui nous arrive au moment où cela nous arrive. Il nous faut parfois prendre notre mal en patience, avant d’en comprendre les tenants et les aboutissants.  « À quelque chose malheur est bon« . Par chance (peut-être), pour ladite situation, des questions importantes taraudaient mon esprit depuis quelques semaines déjà, trouvant dans le fond une réponse parfaitement satisfaisante, même si au dépend de la forme. 10 jours plus tard, tout ceci me semble déjà lointain… 

Peut-être que l’aura du FIJ aurait de quelconques vertus homéo-thérapeutiques 🙂

Pour ce qui est du Festival en lui-même, j’en suis revenu avec beaucoup de positif et une petite pincée de bémols.

Commençons par la partir technique : une franche et belle réussite à tous les niveaux, avec une transition parfaitement maîtrisée ! « Le pari de la pérennité associé à une séduisante brise de renouveau permettant d’offrir aux professionnels comme au public, une nouvelle composition des plus chaleureuses sous un soleil d’autant plus pré-printanier« .  Les chiffres sont désormais officiels et les voyants semblent être plus vert que jamais : 110’000 visiteurs, 5000 professionnels, 8000 compétiteurs, 310 stands, plus de 400 auteurs et illustrateurs de jeux ainsi que 313 journalistes et influenceurs, répartis sur 30’000 mètres carrés d’espace ! Sans oublier les 60 auteurs sélectionnés pour le ProtoLab (reconduit chaque année depuis son lancement en 2017) et les 4 nuits du Off ayant réuni la bagatelle de 6000 passionnés… Le Festival ne s’est jamais mieux porté ! 

J’ai également noté quelques améliorations par rapport à l’édition 2019. La plus notable concerne à mon sens l’accueil à la guérite Pro/Média. Les années précédentes, Pros, Exposants & Médias s’agglutinaient dans une longue file d’attente qui, au coup de feu d’ouverture, libérait des individus au goutte à goutte (fouille des affaires – dixit Plan Vigipirate), donnant parfois lieu à des situations quelque peu rocambolesque ou Médias se trouvaient à l’intérieur du Festival avant même des Exposants (encore obligés de patienter). Cette situation s’est vue améliorée cette année en offrant la possibilité aux personnes concernées de passer la guérite de sécurité pour patienter dans la cour même du Festival, fluidifiant drastiquement le flux humain au travers des différents accès lors de l’ouverture de la manifestation (9h). 

D’années en années, le Palais des Festivals est de mieux en mieux exploité, permettant de disposer d’espace plus grand pour découvrir les jeux nominés pour les différents As d’Or, mais également pour échanger avec auteurs et éditeurs dans un cadre plus calme ou pour présenter son/ses prototypes sereinement. Le personnel est toujours aussi souriant et sympathique et malgré les quelques remarques légèrement plus vindicatives qu’il m’aura été donné d’entendre dans la bouche de certains de mes contemporains, je n’ai rencontré absolument aucun problème d’aucune sorte. Même lorsque (sans le vouloir) je me suis retrouvé à discuter (encore) projets futurs avec des auteurs, 30 minutes après l’horaire de fermeture officielle. Certes, tout le monde ne peut pas toujours afficher un sourire « colgate » ; nous sommes avant tout humain et maintenir une bonne humeur affichée au cours d’un marathon aussi exténuant que le FIJ relève tout de même de la prouesse olympique… Surtout pour l’équipe en charge de la sécurité.

Un gros pouce vert également pour l’équipe du en charge des médias, toujours aussi efficace, sympathique et avenante. Rien à dire. Une équipe en or !

Mon principal bémol concerne le choix aussi étrange que litigieux du jeu offert aux journalistes et influenceurs : King Size. La seule question qui me vient à l’esprit, c’est pourquoi ? Mais pourquoi diable ce jeu ? Je n’ai absolument aucun grief envers son auteur Jim Elgas, et je suis plutôt quelqu’un appréciant et maniant l’humour au quotidien. Mon entourage semble même avoir l’outrecuidance de penser que je suis une personne bardée d’humour… Pourtant, avec toute la bonne volonté, tout le recul du monde et même en tentant de faire fi de notre quotidien, je reste totalement circonspect sur le choix d’un jeu (à offrir) dont le but consiste à devenir « le Roi ou la Reine de la bite en 3 lancers de dés« … Mouaif…

Vous souriez ? C’est normal. C’est instinctif. Il n’empêche que pour une manifestation telle que le Festival « International » des Jeux, ce choix me semble être un magnifique autogoal.

Mais comme Joe E. Brown le disait à Jack Lemon à la fin du film « Some like it Hot« , quand ce dernier lui expliquait les raisons pour lesquelles ils ne pouvaient se marier : « Well… Nobody’s perfect »… 

Au contrario des années précédentes, pour cette édition 2020, j’ai décidé d’opter pour une stratégie radicalement différente quant à ma préparation, essentiellement dans l’optique d’essayer de rejoindre le Festival en étant aussi neutre que possible. Habituellement, je préparais toujours minutieusement ma venue, étudiait des semaines au préalable les différents jeux qui allaient être présentés, rédigeait des listes à cocher pour chaque jour et remplissait évidemment mon agenda de rendez-vous.

Rien de bien fantasque me direz-vous…

Je remarquais cependant qu’en agissant de la sorte, je passais parfois à côté de certaines choses, jeux, événements, et perdait indubitablement en spontanéité (un peu) et en flexibilité (beaucoup). Aussi décidais-je d’essayer une approche quelque peu différente pour cette édition 2020. Sans rentrer plus en amont dans les détails de ce choix, vous pourrez découvrir avec les articles des prochains jours/semaines, le résultat de cette tentative. 

Je profite d’ailleurs de l’occasion qui m’est donnée pour remercier d’ores et déjà tous les éditeurs-trices, auteurs-trices et illustrateurs-trices avec lesquels il m’aura été donné d’échanger au cours de ce Festival. Ces rencontres furent enrichissantes, passionnantes et passionnées ! Je regrette évidemment toutes les occasions manquées ; toutes celles et ceux que je n’aurai pas eu le temps de croiser.

Quoiqu’il en soit, j’ai été ravi de cette expérience et suis désormais convaincu qu’il me faudra trouver une formule équilibrée pour abonder le FIJ 2021 en tentant de garder une certaine flexibilité dans mon agenda… Qui vivra, verra. 🙂 

Je suis évidemment revenu avec beaucoup d’informations et j’ai eu l’occasion de tester beaucoup de choses. Des jeux qui sont déjà ou seront prochainement disponibles, des jeux qui ont fait le voyage du retour avec moi et (peut-être) des futurs succès dont on entendra assurément parler à l’avenir…

Aussi, au cours des jours/semaines qui vont suivre, je vais vous proposer de partager avec moi ce petit voyage ludique. Notez que la liste ci-dessus n’est évidemment pas exhaustive… 

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