Henry venait tout juste de s’asseoir dans le confortable fauteuil rouge bordeaux qui faisait face à la baie vitrée du salon un verre de brandy à la main. Il scrutait les chiffres des cours de la bourse l’air renfrogné s’apprêtant à porter le verre à ses lèvres quand Adélaïde fit son entrée, déboulant comme à son habitude telle une balle de fusil tirée dans la pièce.
« Honey?
– Oui Darling?
– Ce matin, je me suis rendu chez Spencer et vous ne devinerez jamais sur quoi je suis tombée: une robe fantastique d’une rare qualité. Un bijou en textile comme jamais il ne m’a été donné de croiser au cours de mon existence! Je me suis évidemment empressé de l’essayer… »
Henry reposa tant bien que mal le verre sur la table basse quelque peu bancale jouxtant le fauteuil essuyant d’un geste maladroit une petite goutte de sueur qui perlait à l’orée gauche de son front trahissant une certaine anxiété.
« Le contraire m’aurait étonné Darling… »
Adélaide traversa la pièce pour s’arrêter face au meuble qui faisait office de bar. Elle empoigna une bouteille de Whisky écossais single malt de 12 ans d’âge retirant le bouchon avec ses dents avant de remplir un verre empoigné au passage.
« Honey, vous ne me croirez jamais: cette dernière m’allait parfaitement! Amazing, n’est-il pas?
– Amazing oui.
– …Vous me connaissez…
– C’est un fait oui… »
Adélaïde s’approcha du fauteuil jusqu’à faire face à Henry. Plongeant la main droite quelques secondes dans son sac à main pour en ressortir 2 cartes qu’elle scruta brièvement avant de boire une bonne rasade de Whisky. Tendant les cartes à Henry, elle poursuivit, en le fixant avec insistance de ses somptueux yeux vert émeraude.
« …J’ai tout de suite pensé au bal; impossible que je puisse me présenter au bal autrement qu’avec cette robe! Par ailleurs, je me suis permise d’ajouter une paire de gant également magnifiquement ouvragée qui ne saurait scier autrement qu’avec cette robe! Il est clair Honey que la qualité a un prix… Je ne vous mentirai pas en vous disant que cette dernière n’est pas donnée… »
Henry tendit son bras gauche tremblant pour récupérer les cartes avant de les inspecter méticuleusement, le front perlé de sueur…
« Nous y voilà.
– Dussais-je vous rappeler Honey qu’en m’évertuant à paraître sous mes plus beaux atours, c’est finalement un cadeau que je vous fait! »
Henry s’extirpa tant bien que mal du fauteuil empoignant son verre et se dirigeant vers la baie vitrée, les 2 cartes toujours en main. Après avoir jeté un rapide coup d’œil sur ces dernières, son regard se perdit dans le lointain surplombant un horizon de toitures inégales qui s’étendaient à l’infini devant lui…
« Bizarrement, quand vous me faites un cadeau Darling, j’ai toujours tendance à éprouver deux surprises: d’abord le cadeau puis droit derrière le prix à payer… »
Adélaïde avala d’une traite le reste de whisky qui reposait sur le fond de son verre tout en se dirigeant vers la table du salon. La tension était palpable. Son regard courroucé se porta sur les convives qui observaient silencieusement la scène.
« C’est de votre réputation dont il est question Honey… »
Après quelques secondes qui parurent des heures, Henry se retourna doucement pour finalement lui faire face…
« Voyez vous Darling, je crains que les cours de la bourse se soient quelque peu effondrés… Les derniers contrats n’ont pas été très fructueux. Il serait donc de bon ton d’être… Disons… Raisonnable.
– Dussais-je vous rappeler que le cœur a ses raisons que la raison ignore?
– Oui certes, mais la fortune arrive par les petits bénéfices ; la pauvreté parce qu’on ne tient pas compte de ses dépenses… »
Aélaïde regagna sa place autour de la table, esquissant un sourire sardonique et jetant un regard d’une noirceur sans égal à l’encontre d’Henry.
« Vous savez Honey, l’homme qui ne change jamais d’opinion est semblable à de l’eau stagnante, il engendre les serpents de la raison. Notez que pour les cas les plus extrêmes, il y a toujours la tarte dans la gueule… »
Henry, dont la chaise faisait face à Adélaïde s’assit également. Jetant un regard aux 3 autres couples qui assistaient à la scène et qui avaient manifestement bien du mal à se retenir de rire, il finit par tendre les cartes à Adélaïde, ajoutant au passage un billet de 100£ qu’il avait habilement glissé derrière celle représentant la robe. Le regard d’Adélaïde s’adoucit quelque peu… Henry se tourna alors vers les convives, reposant le jeton de second joueur au centre de la table tout en concluant:
« Ce que femme veut… »
Il était une fois Libellud…
Ceux qui me connaissent savent que j’ai une affection toute particulière pour les jeux estampillé Libellud. Ma première expérience remonte à 2002, une époque où Libellud n’existait même pas encore en tant que tel… Je découvrais alors un jeu appelé Marchands d’Empire créé par un certain Regis Bonnessée (my herooooo); le départ d’une belle aventure… Mais ça, c’est une autre histoire et le sujet d’un autre article…
Si des titres tels que Dixit, Himalaya, Seasons, Ali, Et Toque!, ou Fabula ne vous rappelle strictement rien, sachez que Libellud est une maison d’édition de jeux de société qui fut créée en l’an de grâce de 2008 de notre ère par Régis Bonnessée. Ce qui démarque les productions estampillés Libellud à mon sens est sans nulle doute ce qui est également devenu leur marque de fabrique; à savoir, des jeux originaux soutenus par un matériel de qualité et une perfection esthétique sans égale. Ladies & Gentlemen – jeu dont il est question aujourd’hui ne fait absolument pas défaut à cette règle…
Lamy des grands et des petits…
Au commande du bouzin, on retrouve le sympathique gentlemen Loic Lamy, un instituteur et père de famille qui comme votre serviteur a la trentaine bien entamée, résidant dans un petit village français du sud de la Haute-Garonne.
Si ce nom vous semble familier, c’est probablement parce que vous avez croisé la route d’une autre de ses œuvres, tel que Deadwood ou Bankster, voire même celui qui faisait partie intégrante de l’actualité ludique des derniers mois: Mafia de Cuba, un jeu thématique basé sur le développement de la poterie au sud du Tibet comme son nom semble évidemment l’indiquer…
Une arme secrète nommée Marie Fuentes
Chez Libellud, on aime ce qui est beau! D’ailleurs, une rumeur fait état que même les employés auraient tous été engagé en se basant notamment sur leurs critères physiques par Maître Bonnessée himself! Tout le monde, il est beau chez Libellud! De vrais éphèbes et naïades ludique! 🙂 Trêve de plaisanterie, comme je l’ai indiqué tantôt, l’attention porté au matériel et à l’esthétisme de leurs créations devrait être un modèle du genre pour certains concurrents adepte du minimalisme parfois limite « jemenfoutiste ». Certains me rétorqueront que les illustrations font partie d’un tout. Certes. Mais pour la bande à Bonnessée, le graphisme revêt une importance toute particulière: les illustrations sont le reflet de l’âme d’un jeu…
Et quelle belle âme que celle de Ladies & Gentleman!
En 2010, Jean-Louis Roubira et Regis Bonnessée signait un titre qui puisait ses origine dans le fantasque monde du rêve et de l’imaginaire (à l’instar de Dixit) appelé Fabula. Pour ceux qui connaissent le jeu, les illustrations étaient tout bonnement somptueuses; la faute à une jeune artiste de grand talent prénommée Lady Mélanie Fuentes – qui ne connaissait alors pas grand chose de l’univers du jeu.
À l’issue de sa formation d’illustratrice, Marie a l’occasion de faire un stage au sein de Libellud. C’est à la suite de ce stage que Régis et Jean Louis la recontactent pour lui proposer de les rejoindre sur le projet « Grimm » qui deviendra plus tard Fabula, avec le résultat que l’on connait aujourd’hui. Fabula remporte au passage le Prix Spécial de la meilleure illustration en 2010 lors du Festival de Lucca en Italie; une jolie consécration qui n’a rien d’anodin pour un premier contact avec le monde du jeu.
Notez que chez Libellud, on aime ce qui est beau mais on aime les « Marie » également… Et ça leur réussi plutôt bien… 🙂
Pour Ladies & Gentlemen, Marie trouve à nouveau la tonalité illustrative juste qui ancre aussi bien le jeu dans sa période tout en se jouant des stéréotypes sur lesquels le concept se base. On retrouve par ailleurs la tonalité narrative dans la mesure où les objets, les éléments de décor, les personnages semblent tous avoir leur histoire… Pourrait-on parle d’une sorte de Fuentes Touch ? 🙂
Mais avec tout ça… Ladies & Gentlemen – Kezako?
Embarquez pour un voyage dans le temps; immergez-vous dans l’Angleterre de Dickens, Conan-Doyle, Tennyson, Hopkins et Wilde… Une époque de luttes des classes que tout oppose, une époque mêlant prémices de modernité technologique à archaïsmes sociaux… Bienvenu à vous!
Oui, bienvenu à l’époque victorienne!
Ladies & Gentlemen est un jeu d’ambiance asymétrique mélangeant joyeusement opportunisme, tactique, bluff et railleries diverses et variées. Edité par Libellud, le jeu est la création de Loic Lamy conçu pour un public de 4 à 10 joueurs âgé de 14 ans et plus.
Comme l’illustration de la boite permet un tant soit peu de le supputer, Ladies & Gentlemen, prend le parti de caricaturer les relations homme/femme au sein de la belle bourgeoisie britannique en exploitant avec humour les clichés de l’époque. Alors que les hommes s’affairent entre eux pour commercer et faire fructifier leur capital, les dames – pour qui transaction financière rime avec langue étrangère, vont quant à elles partir en quête des plus belles tenues, des plus belles parures dans leurs boutiques de luxe préférées dans l’optique de paraître sous les meilleures auspices lors du prochain bal mondain qui réunira, quelques jours plus tard, le gratin de la ville. N’oublions pas qu’à cette époque, le « paraître » est particulièrement au goût du jour; afficher son statut social est finalement plus important que d’en avoir les moyens…
Le soir venu, les Ladies tenteront de convaincre leur Gentlemen respectif de régler la facture pour le ou les articles favoris qu’elles auront sélectionnés tout au long de la journée. En fonction de la fortune dégagée lors des transactions financières, les Gentlemens seront enclins à accepter de régler la note, de prendre une option sur le où les articles en question, voire dans le pire des cas, de simplement refuser le ou les achats proposés au grand damne de ces dernières…
La partie prend fin lors du fameux bal au cours duquel les ladies seront amenés à comparer leurs époustouflifiantes tenues respectives. Oui, vous l’aurez compris: à la fin… Il ne pourra en rester qu’une! Mais qui a déjà essayé de faire les soldes de nos jours, peut témoigner à quel point la compétition peut être particulièrement rude…
« Etre une femme du monde est un rôle difficile. Il faut diriger ces fainéantes de servantes, avoir du goût en matière de mode et surtout…supporter son mari ! » Lady Mylaine
Mais comment-kilfonctionne l’bouzin ?
Vous pouvez lire la totalité des règles du jeu en téléchargeant le fichier sur le site de l’éditeur.
Avant tout, notez que Ladies & Gentlemen est un jeu d’ambiance. A l’instar du jeu de rôle, plus vous vous appliquerez à incarner vos personnages, plus l’ambiance sera au rendez-vous. Si ce type de jeu n’est pas votre tasse de thé, il vaudrait mieux éviter de vous lancer dans l’aventure.
Une partie se déroule en 6 tours de jeu, chaque tour de jeu représentant une journée de vie. Chaque journée est divisée en 3 phases distinctes: le matin, l’après-midi et le soir.
Le jeu se déroule de manière asymétrique. D’un côté, les Gentlemens tenteront de briller à la bourse et de l’autre côté, les ladies tenteront de sélectionner les plus beau atours dans leur boutique préférée.
Phase 1 – Le matin – c’est bien.
Commençons par ces messieurs…
Côté « Bourse », on s’occupera d’abord des cartes de « Contrat ». Ces cartes permettent aux Gentlemen de recevoir de l’argent et des bonus si ces dernières sont réalisées. Pour ce faire, chaque carte comporte une indication quant au type et au nombre de jetons Ressource qu’il sera nécessaires pour réaliser le dit contrat. Il est également fait mention de la somme d’argent qui pourra être remportée dans le cas de la réalisation du contrat ainsi que de la prime ou du bonus qui pourrait être remporté par le premier joueur à avoir réalisé le contrat. On placera un contrat face visible par boutique…
Il faudra également placer face visible une carte de « Cours du marché ». Ces dernières indiquent la valeur de chaque type de jeton Ressource lorsque ceux-ci ne sont pas utilisés dans le cadre d’un contrat, mais vendus à l’unité. Il y aura toujours une ressource valant 300£, une ressource valant 200£ et quatre ressource valant 100£.
Au départ. chaque gentleman reçoit 500£ et un jeton Ressource choisi au hasard parmi les trois ressources valant 100£ indiqués sur la carte Cours du marché placée précédemment.
On prendra soin d’éparpiller 5 jetons Ressource face cachés par gentleman auxquels on mélangera autant de jetons numérotés que de gentlemen présent. C’est ce que l’on appellera « le stock ».
Lors de cette première phase, les gentlemen vont jouer simultanément en essayant chacun de récupérer au maximum 3 jetons de ressources parmi ceux face cachée et 1 jeton numéroté qui déterminera l’ordre du tour pour la phase de l’après midi. Une fois en possession des 4 jetons, la phase du matin se termine…
« Ma femme voue un culte à la mode et elle se sent obligée d’aller prier chaque jour dans une nouvelle boutique. J’admire sa dévotion… » Sir R. Barris
Côté Ladies, c’est un peu plus cossu. Pour commencer, ces dernières auront quelques consignes à respecter, sous peine de pénalités. Ces consignes sont importantes dans la mesure ou elles influenceront leurs choix…
Lors du bal de fin de partie, ces dernières devront au minimum posséder une robe. En effet, se balader l’arrière-train à l’air n’est pas super tendance pour l’époque…
Il n’est également pas possible de posséder plusieurs articles similaires; ce qui semble un tantinet logique. Il est tout de même relativement complexe de se parer de 3 paires de gants, 2 chapeaux et 2 robes… Par ailleurs, les articles ainsi durement acquis ne pourront appartenir au maximum qu’à deux des trois marques de couturier possibles. A savoir, Jean-Paul Ganthiez (Jp.G.), Lolo LaBanne (L.L) ou Mélanie Canel (M.C.).
Notez que l’équipe de Libellud s’est apparemment bien amusé en choisissant ces noms… Mais pas question de tout vous révéler sur un plateau (de jeu). A vous de gratter la surface…
La Rue marchande est composée de 4 boutiques différentes: L&K, Queen shop, Emporium, Spencer et Victorian. Chaque boutique est représenté par un panneau représentant sa devanture.
Les articles qu’il sera possible d’acquérir sont représentés par:
- des cartes « Garde-robe »
- des cartes « Servante »
- des cartes « Artisan »
Il en existe 3 types de carte « Garde-robe »: les vêtements (robes manteaux…), les accessoires (sacs, éventails…) et les bijoux (tiares colliers…). Chaque carte comportera une série d’indications telle que le type de l’article, son prix, le nombre de points d’élégance que l’article peut rapporter, sa famille et pour une certaine quantité d’entre-elles, la marque de son couturier. Les carte sans marque spécifique sont considérées comme étant neutre. Notez qu’il existe des cartes appartenant à deux marques de couturier différentes: une collaboration en somme…
Les cartes « Servante » possèdent chacune des objectifs différents qui, si remplis à la fin du jeu, permettront de rapporter des point d’élégance supplémentaires. Chaque Servante coûte le même prix; à savoir, 200£. Ces cartes doivent rester secrètes – ces dernières ajoutant une dimension stratégique lors du décompte des points d’élégance…
Pour finir, les cartes « Artisan » permetteront aux Ladies de définir ce que leur boutique préféré proposera à la vente; soit des cartes Garde-robe ou des cartes Servante. Sur ce type de carte, on trouvera l’indication de la famille de carte concernée (Vêtements, Accessoires, Bijoux ou Servantes) et le nombre de cartes de cette famille mises en vente au sein de la boutique…
La mise en place de base terminée, chaque lady devra donc décider en son âme et conscience, quel article sa boutique favorite mettra en vente. Pour ce faire, il lui faudra justement sélectionner l’une des cartes « Artisan » pour venir la placer face cachée devant la devanture de la dite boutique. Une fois que toutes les Ladies ont procédés de la même façon, on révélera les toutes ces cartes.
Il s’agira pour les Ladies de piocher autant de cartes (Garde-robe ou Servante) qu’indiqué sur la carte Artisan (qu’elles auront préalablement pris soin de déposer devant la devanture de la boutique de leur coeur comme expliqué ci-dessus).
Puis, après avoir inspecté minutieusement ces dernières avec leur œil du tigre, elles choisiront une seule carte qu’elles placeront en « vitrine » . soit face visible, (toujours devant leur boutique favorite). Les cartes restantes seront placées face cachée sous la carte placée face visible..
A quoi bon tout ce mic-mac me direz-vous?
Et vous aurez raison de poser la question…
Comme la dernière étape de la matinée consistera pour les Ladies à définir la boutique dans laquelle elles iront finalement faire leur course, et que toutes les Ladies peuvent décider de faire leur course au sein de toutes les boutiques disponibles, il est tout à fait possible que plusieurs Ladies convoitent le même objet en vitrine. Ces dernières pourraient donc judicieusement bluffer en plaçant un objet sans grand intérêt dans la vitrine dans l’optique d’essayer de s’approprier un article caché bien plus convoité….
Chaque lady choisira secrètement un marqueur correspondant à la boutique dans laquelle elles iront faire leur course. La révélation du marqueur sera annonciateur de l’après-midi…
Phase 2 – L’après-midi: Un pour tous et tout pour moi!
Le capitalisme est en marche…
It’s business tiiiiiiiiiime! Chez les Gentlemen, le temps est venu de faire des affaires, ou plus précisément, de récolter le fruit de leur labeur matinal. Pour ce faire, il s’agira soit d’honorer un/des contrat(s) visible(s), soit de vendre des ressources (jetons récupérés en matinée) au prix du marché.
Pour vendre des ressources à l’unité, les Gentlemen devront défausser le(s) jeton(s) Ressource qu’ils souhaitent vendre, puis récupérer à la banque la somme d’argent gagnée. Les jetons Ressource sont in facto défaussés dans la boite.
Honorer un contrat consistera a défausser le nombre de ressources nécessaire pour récupérer la somme d’argent gagnée auprès de la banque. Le(s) contrat(s) ne sera/seront pas défaussé(s) puisqu’ils pourront être réalisé(s) par les autres joueurs.
Si le gentleman s’avère être le premier à réaliser le contrat, il lui sera possible de choisir parmi deux sympathiques options: recevoir une prime sous forme d’argent, ou un bonus qu’il pourra utiliser à sa guise. Si le bonus a sa faveur, la carte contrat lui sera donc remise et ne pourra plus être honorée par un autre joueur.
Il est certes possible de réaliser plusieurs Contrat dans un même tour tout en faisant des ventes de ressources à l’unité; la seule obligation étant de disposer de suffisamment de jetons Ressource pour le faire… Notez qu’il est tout aussi possible de décider de garder les jetons Ressource dans l’optique d’une utilisation future…
N’oubliez pas que chaque gentleman devra faire attention à garder secret la somme d’argent exacte qu’il possède vis-à-vis de sa Lady et de ses adversaires pour empêcher tout calcul…
«Etre une femme du monde est un rôle difficile. Il faut diriger ces fainéantes de servantes, avoir du goût en matière de mode et surtout…supporter son mari ! » Lady Mylaine
Les Ladies récupèrent les cartes Garde-robe (ou Servante) posées en face de la boutique qu’elles auront secrètement choisies en matinée. Si plusieurs Ladies se sont lancées à l’assaut d’une même boutique, c’est toujours celle dont le gentleman aura récupéré le jeton numéroté « n°1 » qui récupérera les cartes et qui choisira avant les autres. Parmi les cartes, madame en sélectionne une qu’elle placera face cachée devant elle: cela correspond à sont achat (pour l’instant). Toujours selon l’ordre du tour, elle passera les cartes restantes à la suivante qui aura choisi la même boutique qu’elle. Lorsque toutes les Ladies concernées se sont servies (une fois), on recommencera jusqu’à ce que plus personne ne veuille de carte ou qu’il n’en reste simplement plus. Les cartes non choisies seront replacées sous la pioche correspondante.
Evidemment, s’il s’avère que la Lady était seule dans la boutique, elle gardera autant de cartes qu’elle le désire et replacera également les cartes non choisies sous la pioche correspondante.
Last but not least (Dernier point et pas des moindres), si une boutique favorite n’a reçu aucune visite (de sa Lady incluse), une remise est offerte à l’équipe qui a marqué originellement sa préférence pour la dite boutique…
Notez qu’il n’est possible de ne choisir qu’une cartes Servante durant cette phase…
Phase 3 – Le soir… Les retrouvailles, La joie, le bonheur total… Voilà.
Le temps est venu de sortir les liasses de billets 🙂
Chaque Lady va à présent remettre son (ou ses) achat(s) à son Gentleman qui va pour le coup avoir la lourde tâche de ménager la paix du couple en décidant de les payer ou… Pas.
Pour chaque carte Garde-robe et Servante reçue, un Gentleman pourra:
- Replacer la carte sous la pioche correspondante s’il juge le prix prohibitif ou qu’il n’a simplement pas les moyens pour l’acquérir.
- Payer le prix de la carte. La lady placera alors cette dernière face visible devant elle.
- Payer 100£ afin de placer une option sur la carte avant de la rendre face cachée à sa douce L’idée étant de se réserver le droit d’acquérir la carte au prochain tour. Notez que selon les besoins, un tel arrangement peut être reconduit plusieurs fois de suite.
Si la boutique favorite d’une équipe n’a reçu aucune visite (ce qui inclus la Lady ayant définie cette dernière comme étant sa boutique préférée), le conjoint de cette dernière se voit offrir l’opportunité d’acquérir la carte Garde-robe ou Servante visible en vitrine à moitié prix (arrondi au supérieur). Si c’est pas top-moumoute ça?!
Pour rappel, les couples n’ont pas le droit de communiquer entre eux sur leurs possessions secrètes tels qu’argent, objectifs des cartes Servante etc. Seules des allusions sont acceptées. A vous donc de théâtraliser vos échanges en réveillant l’acteur/actrice qui sommeille en vous!
Dispute conjugale, fin des haricots, du tour et du jeu.
Lorsque la totalité de ces messieurs aura fini de régler les achats de ces dames, le tour s’achève.
Au bout de 6 tours, il est temps pour nos couples de rejoindre le bal et aux Ladies de se démarquer de leur rivales de par leur somptueuse et incroyable élégance.
Les stratégies pouvant être audacieuses, il y a toutefois quelques contraintes qu’il vous faudra évidemment respecter. A savoir que chaque Lady devra être en possession d’une robe comme évoqué plus tôt. Si cela ne devait pas être le cas – c’est on jamais, la Lady en question perdrait la servante lui rapportant le plus de point d’élégance au décompte final.
Il est également interdit, forbidden, VERBOTEN de posséder plusieurs articles similaires dans sa garde-robe. Fut-ce des chapeaux, des broches, des pin’s parlant, va savoir. L’article conservé est celui qui lui rapportera le plus de points d’élégance; ce qui semble éminemment logique.
Dernier point – et il est d’importance! Ces dames ne pourront pas posséder d’articles de plus de deux marques de couturier différents sur les trois à disposition. Sans quoi, il lui faudra se séparer de toutes les cartes associés à l’une des marques en trop. Et oui, la mode est un univers impitoyaaaaable.
Ces critères réunit, il est temps pour les couples de comptabiliser leurs points d’élégance auxquels il faudra penser à ajouter les éventuels points apportés par les cartes servantes si le objectifs associés ont été remplies et bien évidemment les bonus de certains contrats.
L’équipe ayant cumulé le plus de point d’élégance remportera la partie. En cas d’égalité, c’est l’équipe la plus riche qui arrachera la victoire…
Un jeu, des variantes.
2 variantes sont proposés dans les règles « officielles ». La première permettra à un groupe impair de jouer tout de même au jeu en incluant le personnage de la Courtisane qui partagera ses intérêts entre tous les hommes pour être la plus élégante au bal.
La variante dites « Des Potins » permettra de pimenter un tantinet le jeu en incluant une nouvelle classe de cartes (les potins) qu’il faudra essayer d’habilement glisser chez les autres concurrentes dans l’optique d’influer sur le nombre total de points d’élégance lors du décompte final.
Une vidéo plutôt que des phrases avec trop de syllabes…
Michael Wissner dédie une présentation vidéoludique de sa chaîne Walkthrough Videos à Ladies & Gentlemen. Sur une trentaine de minutes, Michael passe en revu tous les détails du jeu, si tant est que vous ne soyez pas allergique à la langue de Shakespeare.
(©2013, Michael Wissner / Walkthrough Videos)
Est-ce que j’ai aimé?
En tant que rôliste et adepte de jeu de rôle grandeur nature, incarner un rôle dans une situation donnée ne m’est pas étranger. C’est donc avec plaisir que je me suis glissé dans la peau d’un Lord anglais boursicotant avec ses congénères pendant que ma moitié d’un soir (en tout bien tout honneur) échafaudait un plan aussi stratégique que diabolique pour écraser ses rivales.
Après quelques parties dont deux à tester les variantes, il est très clair que cet OLNI (Objet Ludique Non Identifié) ne s’adresse pas à tout le monde. Dans Ladies & Gentlemen, le verbe « jouer » est à prendre au sens large; on pourrait d’ailleurs même parler de « surjouer ». Vous ne prendrez plaisir qu’en incarnant véritablement votre rôle. Plus vous en ferez des tonnes, plus drôle et distrayant sera la partie; car le jeu joue justement sur un registre ironique.
A sa sortie, le jeu prit une belle volée de bois vert à travers le moulin dans la mesure ou certaines personnes considéraient ce dernier comme étant un jeu sexiste au possible. Pourtant, ce serait s’arrêter purement et simplement au postulat de base: à savoir que les hommes font fructifier leur fortune d’un côté pendant que les femmes la dépensent de l’autre. Mais Ladies & Gentlemen est bien plus que ça; il n’y a pas de message caché qui soutiendrait une quelconque théorie d’asservissement de la gente féminine et d’un retour au mœurs d’un siècle passé. Il est avant tout question d’ambiance, d’humour et d’immersion dans des thèmes qui en 2016, s’avère aujourd’hui encore être toujours aussi sensibles; à savoir la condition féminine et sa place dans la société et le rapport homme-femme. Il est inconcevable que Loïc Lamy et Libellud n’aient pas anticipé la réaction que provoquerait potentiellement le jeu auprès des Ayatollah du féminisme exacerbé; c’était un pari audacieux mais un pari réussi pour ceux qui seraient en mesure de voir au delà de la simple thématique.
En ce qui me concerne, j’ai beaucoup apprécié jouer à Ladies & Gentlemen. Outre les somptueuses illustrations de Marie Fuentes, c’est un jeu d’immersion intelligent qui propose un savant mélange de théâtralisation et d’humour et de mécanismes d’ambiance connus (que l’on retrouvera parmi d’autres jeux du genre) tels que le draft, la gestion des ressources où les objectifs secrets. Plus le nombre de joueurs sera élevé, plus grande sera la folie, plus survoltée sera l’ambiance. Ne dit-on pas: « Plus on est de fous, plus on rit?` » Je n’ai jamais eu l’occasion jusqu’ici de tester le jeu à 10 (5 couples). Mais à 8 joueurs, vous passerez déjà un excellent moment – si tant est que tout le monde soit à l’aise avec l’exercice d’interprétation…
Est-ce que je le recommanderais?
Ladies & Gentlemen est clairement un jeu que l’on sortira entre amis dans l’optique de passer un bon moment. Comme dit précédemment, il ne s’adresse clairement pas à toutes les catégories de joueurs et à toutes les personnes. Les personnes notamment introverties et réservées de nature subiront potentiellement une séance de masochisme gratuite; bien que de telles situations puissent également servir de tremplin salvateur…
Au vue de ce qui précède, je recommanderais le jeu aux personnes qui jouent occasionnellement entre amis dans l’optique de passer un bon moment de franche rigolade et aux joueurs qui apprécient grandement incarner un rôle tout en ayant le mandat de le surjouer de bout en bout. C’est certes un postulat de base un peu simpliste qui fait fie de tout l’intelligente mécanique et du concept relativement inédit mis en place par l’auteur, mais qui me semble particulièrement important à prendre en compte dans la mesure ou le jeu est bâti sur ce concept. Il serait dommage d’être bêtement rebuté par la thématique ou par l’idée générale. En traversant ce premier filtre, vous passerez assurément un bon moment. Pour les autres, je conseille de plutôt passer votre tour: ce jeu ne s’adresse manifestement pas à vous…
« Dieu a créé l’homme à son image, et la gonzesse à l’idée qu’il s’en faisait, ça peut paraître dégueulasse, mais ça partait d’un bon sentiment… » Coluche / Pensées et anecdotes
Ladies & Gentleman en picto…
- La page du jeu sur le site de Libellud
- Les règles du jeu de Ladies and Gentlemen
- La vidéo explicative sur le site de Tric Trac
- La page Facebook de Mélanie Fuentes
- Le site de l’illustratrice Mélanie Fuentes
- La page Facebook de Loïc Lamy
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