Dans un climat mélangeant joyeusement covideries persistantes, tensions électriques dans la partie de « kisséken-naplusdanlsip » de nos copains Americano-Russes à la frontière Ukrainienne, et le lancement des jeux olympiques made in China encore plus bizarres (et décriés) que les précédents (et ce n’est là qu’un bref échantillonnage de ce début d’année 2022), il est de plus en plus nécessaire de pouvoir débrancher un peu son cerveau et pouvoir rire un bon coup…
Après la très bonne adaptation du manga culte « City Hunter » (Tsukasa Hōjō) avec « Nicky Larson et le parfum de Cupidon » en 2018 et la comédie romantico-absurdo-policière moins folichonne « 30 jours max » en 2020, la bande à Fifi nous revient en 2022 avec un nouveau titre parodiant allègrement l’univers des super héros sauce Marvel-DC et autre comparses : Super-héros maglré lui
De quoi est-il question (sans spoiler) ?
Cédric Dugimont (Philippe Lacheau) est un sympathique loser en constante galère qui cherche désespérément à percer dans le monde du cinéma. Son plus haut fait d’arme consiste en une pitoyable publicité pour préservatif (sympathique clin d’oeil au Ragoutoutou de Pierre Richard) qui n’a de cesse de se rappeler à lui. Pour le soutenir dans sa démarche, il peut compter sur sa soeur Eléonore (Élodie Fontan) qui l’héberge chez elle, et ses potes déjantés Adam (Tarek Boudali) et Seb (Julien Arruti). Un jour pourtant, les étoiles semblent enfin s’aligner pour Cédric, puisque celui-ci décroche, par le coup du sort, un rôle majeur dans une production musclée à la française : le rôle d’un super-héros appelé « Badman« . Ce tremplin pourrait enfin lui permettre de gagner la fierté de son père…
Un soir, alors qu’il s’apprête à quitter le plateau, il reçoit un appel téléphonique l’informant que son père a été pris en charge à l’hôpital. Pris par l’urgence, Cédric décide d’emprunter un véhicule du film pour se rendre au plus vite à son chevet. Malheureusement, en chemin, il est victime d’un accident de la route. Alors qu’il se réveille tant bien que mal, il réalise peu à peu qu’il est amnésique. Qui plus est, il porte un étrange costume de justicier, se retrouve avec une sacoche pleine à craquer d’argent assis dans une voiture assez particulière…
Cédric ne comprend d’abord pas, mais se persuade peu à peu qu’il est manifestement un véritable super-héros et qu’il a une mission… Une mission de la plus haute importance qu’il doit mener à bien !
Et, au niveau du casting ?
Côté distribution, Philippe Lacheau incarne un Cédric/Badman plutôt crédible. On pourrait arguer que le personnage agit un tantinet à contre courant des codes des super-héros que le réalisateur tente pourtant de s’approprier tout du long du film. Le principal but de Cédric est de gagner la fierté de son père et (sans rentrer dans les détails pour ne pas spoiler) de remplir sa mission. Une vision plutôt égocentriste face à l’altruisme et au don de soi dont les super-héros sont généralement sujet. Mais d’un autre côté, on a très vite tendance à oublier que Cédric n’est pas Badman : il essaye juste de l’être maladroitement. Un syndrome de l’imposteur incarné…
À côté de Lacheau, on retrouve évidemment une partie de la joyeuse bande à Fifi. À commencer par Julien Arruti, qui interprète Seb, le copain légèrement demeuré de Cédric/Badman. Ce dernier est évidemment totalement à l’aise dans son rôle de copain déjanté et amoureux transit. Tarek Boudali interprète le rôle d’Adam, l’autre ami de Cédric et accessoirement, compagnon de la mère de Seb. Étonnamment, et aussi étrange que cela puisse être, le personnage de Boudali est bien plus posé qu’à l’accoutumée et cette retenue lui scié plutôt bien. Élodie Fontan complète ce quatuor en interprétant avec justesse la soeur de Cédric/Badman, Éléonore. Militaire de carrière et vraie dure à cuire aux bras tatoués, c’est l’exemple même de la réussite au sein de la cellule familiale.
À côté du quatuor, on notera notamment la présence du mythique Jean-Hugues Anglade (37.2, Nikita, Mortel transfert…) dans le rôle de Michel Dugimont, le père de Cédric/Badman et Éléonore et accessoirement commissaire de Police. La comédienne Chantal Ladesou (People, 100% Cachemire, Bonne pomme…) incarne la productrice du film et reste sans nul doute, et malgré un nombre de scènes plutôt limité, l’un des personnages les plus drôle du film. La rayonnante Alice Dufour incarne une femme quelque peu perturbée par une récente rupture que Cédric rencontre en cours de ses pérégrinations. Amr Waked (Colt 45, Lucy, Geostorm…) est juste parfait dans son rôle de gros-vilain ™ über-charismatique.
Et, du coup… C’est bien ?
Commençons déjà par l’essentiel. Si vous étiez hermétique jusqu’ici à l’humour potache pipi-caca de la bande à Fifi, passez votre chemin ; ce film ne vous amusera pas plus que les précédents. Si en revanche, vous avez aimé certains/tous les films de cette joyeuse équipe de grands loufoques, et que vous n’êtes pas contre le principe de prendre des barres de rire avec de l’humour de maternelle, vous passerez certainement un bon moment.
Au demeurant, « Super-héros malgré » lui donne l’impression de n’être qu’une irrévérencieuse petite comédie alignant vannes et gags visuels avec une réussite relativement diversifiée (on touche la totalité du spectre…).
Certes, il s’agit là d’une parodie de films de super-héros et Marvel & consorts en prennent d’ailleurs pour leur grade. Mais l’oeuvre tente également (même si quelque peu maladroitement) d’être un tantinet subversif en lâchant au passage une critique un peu acerbe du milieu du show business. Cette critique passe notamment par l’exécrable personnage de la productrice du film, littéralement obsédée par ses placements de produits.
En faisant fi des quelques gags qui tombent à plat et des trouzmilles références sous la ceinture, l’histoire de « Super-héros malgré lui » fonctionne plutôt bien dans son ensemble et arrive même à parfois à surprendre. Le rythme du film est aussi frénétique qu’il est exponentiel, et ne laisse que peu de répit au spectateur. C’est d’autant plus marquant, considérant que la durée du film, générique compris, n’excède pas 1h22. Quoiqu’il en soit, ce rythme est évidemment prépondérant à la comédie et s’aligne au nez rouge prêt avec cette joyeuse tendance burlesque distillée par le réalisateur/scénariste qui prend un mal plaisir à abuser intelligemment du slapstick (comique de collision/percussion).
En sus du côté « gaudriole » et parfois même « vaudevillesque », il faut quand même également souligner l’excellent travail effectué par le/la chorégraphe des combats, qui pour le coup, n’ont strictement rien à envier aux produits estampillé hollywood ; ce qui n’est de loin pas toujours le cas.
En ce qui me concerne, j’ai passé un très bon moment et même si je n’ai pas été forcément sensible à toutes les plaisanteries, je me suis plutôt bien amusé ; assez notamment pour verser quelques larmes de rire. Malgré un style reconnaissable parmi tous, Philippe Lacheau fait cette fois-ci pencher un tantinet son opus du côté abscons des productions ZAZ (Zucker-Abrahams-Zucker), qui avaient fait les beaux jours des années 80, en s’appuyant notamment sur les solides fondations de monde des « supers » dans l’imaginaire de la population. Et que dire de la trouzaine de clins d’oeil (easter egg) cinématographique disséminés tout au long du film, que j’ai par ailleurs aussi pris un réel plaisir à décortiquer…
Même si l’histoire de ce « Super-héros malgré lui » ne semble au demeurant pas vraiment casser trois pattes à un canard, le résultat s’avère finalement bien meilleur que la bande-annonce ne le laisse initialement supposer. C’est avant tout une comédie burlesque qui agit tel un remède contre la morosité ambiante ; ce qui me semble particulièrement utile ces derniers temps.
Aussi, si vous voulez rajeunir pendant un peu plus d’une heure, sans vous prendre la tête, juste pour ricaner ou rire à gorge déployée, afin de faire le vide, relâcher la pression, ce « Super-héros malgré lui » est probablement l’anxiolytique qu’il vous faut…
Super-héros malgré lui (2022) / Comédie parodique / [IMDb 6.4/10]
Réalisation : Philippe Lacheau
Scénario : Julien Arruti, Pierre Dudan, Philippe Lacheau
Distributions : Philippe Lacheau, Julien Arruti, Tarek Boudali, Élodie Fontan, Pascal Boisson, Tony Saint-Laurent Jean-Hugues Anglades, Chantal Ladesou, Alice Dufour, Amr Waked…
Actuellement au cinéma.

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