Spiel 2018 – Et les gagnants sont…

Ayééééé… C’est fait. Enfin, ça fait tout juste 24 heures…

Comme chaque année en cette période, les regards ludiques (et non pas lubriques) se sont tournés du côté de Berlin pour découvrir qui seraient les heureux élus parmi les les jeux nominés de 2018 pour remporter l’Oscar du jeu de société. Vous l’aurez compris, il était évidemment question du Spiel des Jahres – prix ludo-prestigieux s’il en est et surtout gage de vente exponentielle pour son détenteur….

Aussi loin que je me souvienne, la révélation des nominés pour le Spiel et le Kennerspiel ont toujours suscité une certaines quantités de discussions relativement animées au sein de la communauté ludique, discussions qui balançaient joyeusement entre colère, doute, joie, extatisme ou incompréhension… 2018 n’en fut évidemment pas exempt. Pour une fois, je fus moi-même très étonné des choix du jury (composé de professionnels du milieu du jeu) avec une sélection comportant notamment 3 nominations pour le même auteur (Wolfgang Warsh) et des jeux essentiellement allemands. Avec une liste de près de 2500 à 3000 titres publiés sur une année, la question de cette sélection très Germano-germanique n’allait évidemment pas passer inaperçue…

Ce que l’on a peut-être tendance à oublier, c’est que malgré le fait que la renommée du Spiel des Jahres soit bien plus importante aujourd’hui qu’il n’y a 40 ans lors de sa création, le prix fut créé en Allemagne, décerné en Allemagne et n’avait pas forcément vocation à couvrir les jeux à travers le monde. Du coup, on pourrait aussi se poser la question finalement de la légitimité d’un tel prix ? Mais il ne sert à rien de se perdre en conjectures aujourd’hui – ce n’est pas le sujet… Revenons à nos meeples…

La remise des prix démarre chaque année avec le Kinderspiel des Jahres (traduisez le meilleur jeu pour enfants), qui est toujours révélé un mois avant les deux autres…


11 Juin 2018

Cette année, le jury a attributé le fameux prix à Trésor de Glace 

Kinderspiel2018

 

KinderSpiel_pic

Trésor de Glace – cékoissa?

Trésor de Glace est un jeu d’adresse et de collection créé par le duo père-fille Lena & Günter Burkhardt (Les jardins de Versailles) et illustré par Daniel Döbner (Pyramide d’Animaux, Saute Lapin, Le trésor de Mayas…). Prévu pour 2 à 4 joueurs dés l’âge de 5 ans pour une durée moyenne d’environ 15 minutes, le jeu est estampillé HABA et est vendu pour un prix avoisinant les 20 €.

Lena_and_GuntherCôté pitch, de jeunes dragons ont découvert un incroyable trésor enfermé dans immense colonne de glace: une palanquée de mystérieuses pierres scintillantes. Bien sûr, ces derniers meurent évidemment tous d’envie de les prendre mais leur puissance de feu encore trop faible ne leur permet malheureusement pas d’y accéder. Avec l’aide du souffle dévastateur de Pôpa Dragon, les jeunes retireront peu à peu les anneaux gelés entourant les pierres, libérant peu à peu, par la même occasion, les pierres étincelantes qui du coup, se mettront à dégringoler! Diantre! Les voilà au devant d’un grand dilemme car ils ne pourront pas tous les ramasser. Il leur faudra donc se concentrer sur une seule couleur de pierre, couleur qui leur sera attribuée à chaque tour de jeu (voir pour une partie pour les plus jeunes)…  Le dragon qui aura récupéré le plus grand nombre de pierres étincelantes à la fin de la partie sera déclaré vainqueur…

Verdict votre honneur

Pour l’avoir testé récemment, Trésor de Glace est un jeu très sympa. Attractif visuellement notamment grâce aux pierres de toutes les couleurs et aux illustrations, bien conçu avec un matériel plutôt solide (Haba y prête généralement une attention particulière), il permettra aux plus jeunes joueurs (5-7) de passer un excellent moment avec leur parents. A fortiori, je ne pense pas me tromper en disant que l’avenir de Trésor de Glace s’annonce très probablement radieux. Au delà du fait que Le Kinderspiel 2018 permettra indéniablement de pousser le titre « sous les Sunlights des tropiques » comme dirait ce bon vieux Gilbert Montagné, le jeu possède surtout les ingrédients qui ont fait les classiques de la gamme Haba par le passé. Banco.


23 Juillet 2018

Et le mythique SPIEL DES JAHRES est attribué à Azul 

LeSpiel2018

KennerSpiel_Azul

Sophie_Gravel

Plan B réalise « le Grand Chelem » avec Azul

Quelle année pour la société de Sophie Gavrel! En remportant ce Spiel des Jahres après avoir remporté l’As d’Or en février dernier, Plan B et Michael Kiesling réalise ainsi LE Grand Chelem ludique, rejoignant par la même occasion le club très « select » des détenteurs des 2 prix (Colt Express, Dixit…). Décoiffant!

Azul est un jeu de placement de tuile créé par Michael Kiesling (Tikal, Mexica, Asara…) et illustré par Philippe Guérin (The Battle at Kemble’s Cascade, Pandémie The Cure) et Chris Quilliams (Carcassonne , Pandémie , Archipelago…). Prévu pour 2 à 4 joueurs dés l’âge de 8 ans pour une durée variant entre 30 et 60 minutes, le jeu est estampillé Plan B et est vendu pour un prix avoisinant les 36 €.

Côté pitch, une fois n’est pas coutume, il va être question de faïences et plus précisément d’Azulejos. Vous ne savez pas de quoi il question? Un peu d’histoire professeur…

« Azulejo » est un mot d’origine arabe dérivant de « al zulaycha » signifiant « petite pierre polie » (une pierre « poncée » donc… pas celle faisant preuve de savoir vivre) utilisé en Espagne aussi bien qu’au Portugal pour désigner un petit carreau de terre cuite recouvert d’un émail opaque que l’on appelle communément « faïence ». Dès le 13e siècle, les artistes font un usage fréquent d’azulejo notamment pour orner les murs, les fontaines, ou les cheminées. Le palais de Charles Quint, plus connus sous le nom de Palais de l’Alhambra à Grenade en est d’ailleurs un magnifique porte parole…

Hors donc, il est dit que l’usage des « Azulejos » fut adoptés par les Portugais au moment où leur roi Manuel 1er, durant une visite au palais de l’Alhambra, fut conquis par l’éblouissante beauté de ces tuiles décoratives. Manuel 1er étant sur la brèche en terme de décoration de dernière génération et en l’absence de sa décoratrice en chef Valeria Damidosca occupé à rénover un autre des ses palais de marbre essentiellement mauve, il ordonna la décoration immédiate, avec des tuiles semblables, des murs du Palais Royal d’Evora. Azul transporte du coup les joueurs au 16e siècle, avec comme background une truelle, du mortier et des carrés de faïence pour accomplir la fameuse mission du Roi Manuel 1er… 

Verdict votre honneur

Autant le dire tout de suite: Azul est un jeu très étonnant de par sa thématique mais pas que. Identifié comme un « jeu abstrait », Azul s’avère finalement bien plus accessible qu’il ne pourrait paraître sur papier. Il m’est d’avis cependant qu’il faudra jouer une partie pour bien appréhender le concept stratégique derrière l’engin, l’importance des interactions entre joueurs et surtout le décompte des points en fin de partie. Bien que les règles du jeu soient relativement simples à comprendre et les parties plutôt fluide, il fera fuir sans aucune équivoque les joueurs adeptes de contrôle, de stratégie à long terme et d’anticipation. Bénéficiant d’une bonne courbe d’apprentissage, il divisera néanmoins quelque peu les adeptes désireux de réitérer l’expérience pour améliorer leur performance et ceux qui le trouveront quelque peu répétitif. Quoiqu’il en soit, que l’on aime ou pas, Azul est un jeu qui ne laissera personne de marbre (ou de faïence pour le coup). Pour ce qui est de l’âge indiqué, 8 ans me semble relativement inadéquate dans la mesure où les notions stratégiques sont trop complexe à maîtriser à cette âge…

De mon propre aveux, je n’étais pas particulièrement extatique à l’idée de découvrir Azul. Mes comparses de Fred-h.net (dont je vous suggère la lecture de l’article concerné) et moi-même avions dans l’idée de tester le jeu durant notre séjour à Cannes durant le Festival des Jeux et il s’avère que par un pure hasard (enfin ça, c’est pour le côté récit… Tout le monde sait que c’était écrit quelque part), il s’avère que nous nous retrouvâmes à patienter sous la pluie devant la guérite d’entrée avec l’ami Fayçal  qui était chargé avec une acolyte d’organiser les démos du jeu. Un autre signe me direz-vous… Quoiqu’il en soit, nous rushâmes (du verbe rusher – je rush, tu rush, nous rushons…) vers le dit stand ou nous arrivâmes même avant les principaux intéressés. L’efficacité Suisse, what else?

Bref, après quelques minutes d’explications, d’histoires de faïences et de palais à améliorer, nous voilà lancé dans une partie. Et là, premier constat: le jeu est beau. Vraiment beau. Et le matériel est d’excellente facture. C’est beau, (oui je sais, je l’ai déjà dit), c’est solide. Ça en jette sur la table. Par contre, je m’aperçois très vite également que la thématique romantique des carrés de faïence et du mur du palais à tapisser s’efface progressivement au profit de la mécanique et de la stratégie plus ou moins bancale que j’essaye de mettre en place. Quelques tours plus tard, je constate que je peux également décider de nager à contre-courant en suivant une stratégie qui consiste à « empêcher » un joueur de prendre une pierre en prenant le risque de me pénaliser moi-même… Je note que la grande part de hasard induite du tirage des faïences fera assurément fuir certains joueurs – c’est pourtant un élément essentiel du jeu. Quelques tours plus tard, le dernier tour de piste s’amorce et c’est mal parti: je n’ai pas assez considéré les actions des autres joueurs (c’est important) et je vais en payer le prix, qu’en bien même mon score n’est pas mauvais du tout. Les derniers carrés sont placés, le décompte des points s’amorce. J’ai perdu. C’est la vie. Je me rend compte que mon intuition était bonne. L’expérience était intéressante. Azul est un jeu très sympa auquel j’ai finalement pris plaisir à jouer, mais sa relative froideur et le fait que sa thématique bien qu’originale, historique et quasi romantique qui semblait être son cheval de bataille ne soit finalement qu’anecdotique aura réussi a me refroidir définitivement… 


Le KENNERSPIEL DES JAHRES fut attribué à…

Die Quacksalber von Quedlinburg

Kennerspiel2018

QuacksalberVonQuedlinburg

Quacksalbertruc – cékoissa?

Die Quacksalber von Quedlinburg (traduisez Les charlatans de Quedlinburg) est un jeu de stop-ou-encore ET de Deck/Pool Building créé par Wolfgang Warsch (Très futé, The Mind…) et illustré par Dennis Lohausen (Descendance , Terra Mystica , Hansa Teutonica…). Prévu pour 2 à 4 joueurs dés l’âge de 10 ans pour une durée moyenne d’environ 45 à 60 minutes, le jeu est estampillé Schmidt Spiele (version allemande) et est vendu pour un prix d’environ 39 €.

Pour ce qui est du Pitch, une fois par an, le bazar de Quedlinburg ouvre ses portes pour une durée de 9 jours (soit 9 tours de jeu) au cours desquels les pseudo plus illustres guérisseurs (comprenez « charlatans ») vont avoir pignons sur rue pour proposer leurs services à Monsieur et Madame Tout-le-monde. Pieds plats, mal du pays, crise de hoquet et autre flemmingite aïgue vont tous évidemment nécessiter la concoction d’une potion. Mais ce n’est pas toujours évident d’obtenir un résultat, surtout si l’on a aucune idée de ce que l’on est en train de faire. Tous les charlatans devront donc produire eux-même les différentes potions.  Pour préparer ces dernières, à son tour, chaque joueur devra piocher des ingrédients au hasard dans son sac à provision contenant une certaine quantité de produits différents (prédéfini selon les règles) de différentes valeurs. Chaque fois qu’un ingrédient sera pioché, il faudra du coup placer ce dernier dans le chaudron – la valeur de l’ingrédient permettant de définir le nombre de cases qu’il faudra compter depuis le dernier ingrédient posé. Mais jouer les apprentis sorciers pourrait s’avérer très dangereux! Il leur faudra faire attention à ne pas dépasser la valeur de 7 au risque de générer une réaction en chaîne… Une fois que tous les joueurs auront tous procédés de la sorte, il s’agira de déterminer lequel parmi eux a concocté la meilleure mixture – ce dernier pourra obtenir un bonus. La dernière étape consistera en une série de d’éléments à vérifier lié essentiellement aux ingrédients utilisés lors de la préparation de la potion qui permettra aux joueur d’obtenir de nouveaux ingrédients voire même marquer des point de victoire. Les joueurs devront donc jauger leur avancée pour s’arrêter au moment opportun et peut-être se contenter de petites portions pour générer de plus maigres revenus mais qui leur permettront d’acquérir des ingrédients plus rare. Progressivement, les provisions des joueurs se composeront d’ingrédients de plus en plus utiles et de plus en plus chers leur permettant de produire des potions plus élaborés…

Les Charlatans de Quedlinburg semble être un jeu bien sympathique qui mélange des mécanismes rarement utilisés en commun et qui d’avis général, semble parfaitement fonctionner. Je resterais toutefois prudent dans mes supputations dans la mesure où il ne m’est actuellement pas possible de donner un avis personnel, n’ayant jusqu’ici pas encore eu l’occasion de le tester. Mais ça ne saurait évidemment tarder… En revanche, je ne pense pas me tromper en avançant que le Kennerspiel était mérité par rapport aux 2 autres jeux sélectionnés. Trés futé – bien que sympathique, me semblait résolument difficile à identifier comme un jeu « expert » et Heaven & Ale, bien que fonctionnant très bien, était en revanche bien plus classique et ne m’avait personnellement pas particulièrement enthousiasmé…

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